Le village de Schorbach se situe à la limite des pays couvert et découvert et à quelques kilomètres seulement au Nord-Ouest de la ville de Bitche. Adoptant un plan inorganisé, le village occupe les versants d'un vallon très encaissé arrosé par le Schorbach, affluent de la Horn. Le patrimoine religieux du village est très riche, puisqu'il possède dans son cimetière le célèbre ossuaire du XIIe siècle, ainsi que l'église Saint-Rémi consacrée à la même époque et reconstruite en 1774, le presbytère, une grotte dédiée à Notre-Dame de Lourdes, une quinzaine de croix de chemin et de calvaires parsemant le ban communal et trois chapelles, disséminées autour du village : la chapelle Saint-Wendelin, la chapelle Sainte-Thérèse et la Felsenkapelle. Les trop nombreuses guerres fratricides ont elles aussi marqué le paysage puisque, en bordure du chemin menant à Bitche par les hauteurs de la Rosselle, se situe le Bayerngrab, rappellant la mort des soldats allemands lors du siège de 1870.
Table des matières
II. Croix de chemin | III. Croix de cimetière | IV. Notes et références | |
1. Croix num. 1
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2. Croix num. 2
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1. Traductions
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V. Annexes | |||
10. Croix Kruijen
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Une croix monumentale est érigée sur la place de l'église, tout près du presbytère et appartient à la commune. Datant vraisemblablement du XVIIIe siècle, il s'agit d'une croix en grès sculpté, avec socle droit et fût-stèle droit galbé en plan, tandis que le croisillon a été remplacé. Peinte en blanc, elle montre deux personnages sur le registre supérieur du fût-stèle : on reconnaîtra sans doute la Très Sainte Vierge Marie et saint Jean, présents au pied du Calvaire. Saint Georges terrassant le dragon est représenté sur le registre inférieur du fût-stèle, alors que saint Wendelin, tenant sa houlette de berger et accompagné d'un mouton, occupe la face du socle de la croix (1).
Une croix monumentale d'épidémie est élevée en 1737 en bordure de la rue principale, au chevet de l'église Saint-Rémi, et appartient à la commune. La date d'érection est indiquée sur le socle de la croix : depuis la seconde guerre mondiale, seuls les deux premiers chiffres demeurent lisibles, mais l'inscription et la date ont fait l'objet d'un relevé autrefois. L'inscription consistait en une oraison jaculatoire, suivie de la date d'érection : « (MIR DANKEN DIR LIEBER HERR IESV CHRIST) D(ASZ DU FVR) VNS AM C(REVTZ GE)STORBEN BIST 17(37) » (traduction 1). Il s'agit d'une croix à socle droit et fût-stèle galbé en plan, qui est très certainement érigée par le même sculpteur que la croix num. 3 de la rue principale, datant elle aussi de 1737.
Deux registres de deux personnages sont représentés sur la face du fût : la Très Sainte Vierge Marie et saint Jean sont situés au pied de la Croix, comme c'est très souvent le cas. Au-dessous apparaissent saint Wendelin - portant sa besace et tenant en main sa houlette de berger, alors que deux moutons sont étendus près de lui - et saint Sébastien - seulement ceint d'un linge et souffrant son martyre, attaché à un arbre (note 1) -, protecteurs des troupeaux et intercesseurs privilégiés en période d'épidémies. Une tête d'angelot ailée est située au sommet du croisillon, tandis que les symboles macabres du crâne et des tibias croisés sont représentés au sommet du fût, sous le Christ en Croix (2). L'état de conservation de la croix est moyen : le grès est fortement délité et le haut du fût-stèle a été refait. Des restaurations au ciment sont repérables et le croisillon est peut-être en partie moderne (3, 4).
Une seconde croix monumentale est érigée au cours du XIXe siècle dans la rue principale, au croisement avec la rue Bruch unten am Dorf. Propriété privée, il s'agit d'une croix à socle galbé et fût-stèle droit : elle présente deux registres de personnages sur la face du fût-stèle. Une sainte femme, que l'on ne parvient pas à identifier, apparaît sur le registre supérieur, accompagnée de saint Jean Népomucène, dont une statue est située à quelques dizaines de mètres, au croisement de la rue principale et de la Hohl. La Sainte Famille en marche occupe le registre inférieur du fût-stèle : la Très Sainte Vierge et saint Joseph entourent l'Enfant-Jésus et le tiennent par la main. Le décor est complété par le monogramme « IHS » crucifère sur la face du socle de la croix, ainsi que par une tête d'angelot ailée qui domine la croix depuis le sommet du croisillon (5, 6).
Une troisième croix monumentale est élevée en bordure de la rue principale. Propriété privée, elle date de 1737 tout comme la première croix de la rue principale, sans doute érigée par le même artisan que celle-ci. Il s'agit d'une croix à fût-stèle galbé en plan et socle droit. Une plaque de marbre est aposée sur le socle et rapporte la même inscription que sur la première croix de la rue ; il s'agit d'une oraison jaculatoire, ainsi que de la date d'érection de la croix : « MIR DANKEN DIR LIEBER HERR JESU CHRIST DASZ DU FUR UNS AM KREUTZ GESTORBEN BIST 1737 » (traduction 1). Réalisée après la seconde guerre mondiale, cette plaque reprend sans doute le texte gravé auparavant sur la croix.
Deux registres de personnages sont représentés sur la fût-stèle de la croix : la Très Sainte Vierge Marie et saint Jean apparaissent sur le registre supérieur, au pied de la Croix. Au-dessous, saint Wendelin tient sa houlette de berger et est agenouillé auprès d'un mouton ; il est accompagné d'un saint évêque qu'il n'est pas possible d'identifier. L'état de conservation de la croix est malheureusement très moyen : la croix a été grossièrement restaurée au ciment, tandis que le croisillon est moderne, hormis la base du montant (7).
Une croix monumentale est érigée en bordure de la route menant de Schorbach à Bitche, à Lengelsheim ou à Hanviller, en suivant le cours d'eau du Schorbach. Propriété privée, la croix se situe à droite de la Felsenkapelle, appelée aussi chapelle du rocher : elle date du XIXe siècle, sans pour autant qu'une date soit précisée. Il s'agit d'une croix à socle galbé et fût-stèle droit, qui nous montre la Très Sainte Vierge sur la face du socle, entourée d'une guirlande végétale : les deux thèmes iconographiques de la Vierge de Pitié, portant le corps de Fils dans ses bras à la descente de la Croix, et de Notre-Dame des Sept-Douleurs, touchée par sept flèches symbolisant ses souffrances, sont associés en une seule représentation. Sainte Marie-Madeleine apparaît sur la face du fût-stèle : elle est agenouillée en pleureuse tandis qu'un crâne à ses pieds rappelle sa présence au pied du Calvaire sur le Golgotha, ou mont du crâne. Le décor est complété par la colombe du Saint-Esprit entourée de langues, au sommet du fût-stèle, ainsi que deux têtes d'angelots ailées qui trônent en haut du croisillon, au-dessus du titulus (10, 11, 12).
Une croix monumentale est érigée en bordure de la route départementale 162 b. En grès sculpté, elle date de 1898, date portée sur la face du socle de la croix. Il s'agit d'une croix avec fût-stèle droit à niche, peinte en blanc. Une inscription figure sur le fût et précise les conditions d'érection de la croix : « Errichtet zur Ehre Gottes » (traduction 3). Une seconde inscription figure au-dessous de la première et invite à la prière : « Der 5 vater unser Und 5 Ave Maria betet hat 100 Tage Ablas » (traduction 4). Une statuette de Notre-Dame de Lourdes est située dans la niche aménagée au centre du fût-stèle, dans un décor néogothique (13, 14).
Une discrète croix de chemin, située au bord du chemin des airelles, en bordure du village, semble dater de la seconde moitié du XVIIIe siècle. En grès sculpté, elle représente saint Jean, saint Roch, sainte Barbe et sainte Catherine sur la face du fût-stèle, ainsi que des symboles funèbres tels qu'un crâne et deux tibias croisés. La petite croix est à socle droit, avec un fût-stèle galbé et un croisillon en croix latine (21).
Une croix de chemin se dresse au bord du chemin menant à la ferme du Bersiederhof, sur le ban communal du village voisin de Lengelsheim. La croix, en grès sculpté et badigeonnée en blanc, est érigée en 1781, comme nous l'indique la date portée. Il s'agit d'une croix à socle droit, fût-stèle droit galbé en plan et croisillon en croix latine. La Très Sainte-Trinité est représentée sur le croisillon : la colombe du Saint-Esprit et le buste de Dieu le Père surmontent le Christ en Croix. L'archange saint Michel, effectuant la pesée des âmes au moment du Jugement Dernier, est représenté sur le fût-stèle, accompagné de saint Laurent, patron de la paroisse voisine de Lengelsheim, qui débute quelques mètres plus loin (22).
Une croix de chemin est élevée pour la famille Obringer au bord du chemin du Schiesseck, menant à Bitche par les hauteurs de la Rosselle, au croisement d'un chemin de champs longeant le bois du Sellenbuehl pour rejoindre l'entrée du village à proximité de la Felsenkapelle. La croix est érigée en 1919, date portée à la base du socle. Peinte en blanc, il s'agit d'une croix à fût-stèle droit à niche. La face du fût est occupée par une belle représentation en bas-relief de la Vierge de Pitié, dans un décor néogothique (23, 24). Une oraison jaculatoire est reportée sur la partie inférieur du fût-stèle : « Heihosles Herz Jesu, erbarme Dich unser ! Jedesmal 300 Tage Ablass » (traduction 6). Une inscription est située sur la face du socle de la croix et précise les conditions d'érection de la croix :« Eerichtet zur Ehre Gottes durch Pierre Obringer und Elisabeth Rupperth u. Kinder » (traduction 7).
Le cimetière de Schorbach, entourant encore la belle église Saint-Rémi, renferme pour sa part deux croix particulièrement intéressantes. La première croix est élevée en 1707, date portée, aux frais de Claude Lang, serrurier à Bitche. Elle représente les emblèmes professionnels du bienfaiteur, c'est-à-dire des clefs, une fleur dans un cartouche et une coquille. Adossée au chevet de l'édfice, la croix est à socle droit, fût droit à niche et croisillon en croix latine (26).
1. Les flèches tirées par les archers sur saint Sébastien pour provoquer sa mort ne sont que peu visibles sur la croix num. 1 de la rue principale : elles sont sculptées en bas-relief et ne ressortent pas beaucoup. On les repèrera sur la cuisse droite, à gauche du bas-ventre, à droite de la poitrine et à gauche de la cage thoracique, ainsi que sur le bras droit (toutes localisations décrites par rapport au passant devant la croix).