Calvaires et croix de chemin à Reyersviller
Avec ses modestes maisons dispersées en ordre lâche, le petit village de
Reyersviller s'étire dans la longue et verdoyante vallée du
Schwangerbach. En plein cœur du
pays couvert, la charmante localité se situe à deux kilomètres seulement au Sud-Ouest de la ville de
Bitche. Le patrimoine religieux du village est très riche, puisqu'il possède l'
église Saint-Bernard,
construite une première fois à la fin du XIXe
siècle dans le style néogothique, avant d'être
détruite par les bombardements de la seconde guerre mondiale et
remplacée à la fin des années 1950 par un
édifice moderne, plusieurs croix de chemin et calvaires parsemant le ban communal, le
calvaire de type Bildstock
érigé dans l'écart de
Schwangerbach au XVIIe
siècle, ainsi que le
chemin de croix contemporain,
installé dans la forêt dominant le village et aboutissant
à la Croix du
Schimberg.
Table des matières
I. Croix monumentales
1. Rue de l'église
Dans la rue de l'
église,
une croix monumentale est élevée en 1773, aux frais de
Nicolaus Koeler et Magdalena Rohrbacher, comme nous l'indique la date
portée par le socle. Elle est restaurée en 1875 aux frais
de Gaude le Vieux, date portée par le fût, et à
nouveau en 1970. Elle a été très endommagé
au cours de la guerre 1939-1945, lorsqu'elle était
adossée à une maison située au centre du
village,
au niveau du ruisseau du
Schwangerbach.
Elle
a ensuite été déplacée, lors de la
destruction de la maison durant la période de reconstruction, et
a été replacée au croisement des rues de
l'église et de la vallée ; ell
e
y est resté jusqu'en 1970, quand on l'a déplacé
une dernière fois, lors de la construction de la salle
socioculturelle au centre du village. La croix se trouve depuis cette
date à l'arrière du presbytère. Outre le
Christ en Croix, elle représente la
Très Sainte
Vierge et
saint Jean, deux saints inconnus et des
têtes
d'angelots ailées (
1).
2. Croix Demmerle
Une croix monumentale en grès sculpté est élevée en 1888 par le
sculpteur Demmerle,
installé à
Hoelling près de
Bettviller : sa signature « Demmerle in Höllingen »
est gravée en bas à gauche du socle. Les conditions
d'érection de la croix sont précisées sur la face
du socle : « Errichtet zur Ehre Gottes durch Georg Fröhlig im Jahr 1888 ». Le
Christ en Croix est représenté sur le croisillon, tandis qu'une scène de
Pièta
apparaît au pied du fût : la Très Sainte Vierge
reccueille dans ses
bras le corps de son Fils après la Crucifixion. La croix
est sculptée à l'imitation de la
nature, dans le goût et l'habitude de l'époque : le socle
est sculpté tel un amas de pierre, alors que la croix imite un
tronc d'arbre avec nœuds et nervures ; des fleurs
complètent le décor (
2).
3. Bildstock
Le calvaire de type
Bildstock, un des plus anciens du
Bitscherland, si ce n'est le plus ancien, se trouve sur la route reliant
Bitche à
Lemberg.
Située dans l'écart de
Schwangerbach, cette croix date
des années 1680. Elle commémore l'assassinat en ce lieu
d'Adam Greiner, perpétré en 1680, « sur le grand
chemin de Bitche ». La partie sommitale, légèrement
élargie, se
termine en mitre, et l'inscription occupe toute la surface du
fût, sous l'emplacement d'une petite niche qui abritait autrefois
une statuette. En grès sculpté, elle porte l'inscription
IHS crucifère. La croix est à comparer avec celle située dans la grande rue de
Lemberg. La croix est restaurée en 1730, puis en 2002 par le sculpteur Étienne Jung de
Walschbronn (3, 4, 5, 6, 7, 8).
4. Croix Meyer
Une
croix monumentale en grès rose sculpté est
érigée en bordure de la rue principale. Elle est
élevée aux frais des époux Joseph Meyer et Maria
Froehlich, comme nous l'apprend l'inscription gravée sur la face
du socle : « Errichtet zur Ehre Gottes durch die Eheleute Joseph Meyer u. Maria Froehlich ».
Le croisillon d'origine a été remplacé : l'actuel
est nu et en béton. Le fût est occupé par une niche
dans laquelle est sculptée un bas-relief de
Notre-Dame de Lourdes.
II. Croix de chemin
1. Croix Frölig
Deux croix de chemin s'élèvent sur le
plateau de Saint-Hubert, au sommet de la colline du
Schimberg. On y accède en suivant la route forestière qui prolonge la rue de
Bitche
: les deux croix se situent quelques mètres après le
tunnel passant sous la voie de contournement de la cité
fortifiée. La première croix de chemin, bien plus
ancienne que la seconde, date pour sa part de 1774.
Comme l'inscription gravée sur la face du socle nous l'indique,
elle est
élevée aux frais de Peter et Barbara Frölig.
Restaurée en 1984, elle représente la
Très Sainte
Vierge Marie et le monogramme sculpté du Christ,
IHS (
9).
2. Croix de 1801
La seconde croix est érigée en 1801 ou 1802, la
lecture
du dernier chiffre étant incertaine. Le
Seigneur en Croix
est représenté sur le croisillon, encadré par
trois
têtes d'angelots ailées, à chaque
extrémité de la croix.
Saint Nicolas
apparaît sur le registre inférieur du
fût-stèle, accompagné d'une sainte femme qui est
très probablement
sainte Anne
: la scène est posée sur un tapis de cœurs.
Le registre supérieur du fût est occupé par une
croix gravée, autour de laquelle s'enroule un serpent : cette
croix est surmontée d'un groupe de trois têtes
d'angelots ailées, flottant dans une nuée de cœurs.
Un personnage est visible sur le socle de la croix mais il est
difficilement identifiable : peut-être s'agit-il de
saint Wendelin,
dont c'est l'emplacement habituel. La photographie
prise durant les années 1980 montre l'état de la croix
avant son déplacement à l'occasion de la construction de
la voie de contournement et permet de voir la
détérioration accélérée. Elle
est repeinte en 2010 (
note 1,
10).
3. Chêne des Suédois
Une croix de chemin est érigée à
proximité du
chêne des Suédois, en bordure de la route menant de
Reyersviller à
Siersthal.
Située quelques dizaines de mètres après la
dernier maison du village, elle est érigée durant la
première moitié du XIXe siècle et restaurée
en 1901, date portée, aux frais de Georg Frolig et de son
épouse Marie Anna. En grès sculpté, elle
représente sur le croisillon
Notre-Seigneur en Croix, surmonté d'une
tête d'angelot ailée présentant le titulus
INRI
et écrasant sous Ses pieds le crâne du Golgotha et le
tibia de la mort. On découvre deux autres têtes
d'angelots ailées au sommet du fût-stèle,
tandis que l'espace central est occupé par la
représentation d'
Adam et Ève entourant l'Arbre de Vie et accompagnés du serpent tentateur (
note 2). La base
du fût-stèle présente les précisions
relatives à la restauration de 1901 (
11).
4. Kirscheidt
Une croix de chemin en grès sculpté est élevée au lieu-dit
Kirscheidt, dans un vallon situé à droite de la rue principale lorsque l'on quitte le village vers
Siersthal : il faut tourner quelques dizaines de mètres avant le
chêne des Suédois
et la croix est visible du côté droit du chemin, qu'elle
surplombe. Érigée en 1799 aux frais de Georges Martine -
précisions rapportées sur l'inscription gravée au
sommet du fût -, la croix représente le
Seigneur en Croix sur le croisillon, dominé par une
tête d'angelot ailée et accompagné de la
Vierge du Calvaire. Sur le fût-stèle,
saint Georges et
saint Wendelin
apparaissent côté à côté. Un
décor végétal complète le motif
iconographique et une fleur dans un cartouche est sculptée sur
la face du socle (
12).
5. Route de Bitche
Une croix en grès gris sculpté est érigée en bordure de la route menant à
Bitche,
dans le jardin d'une maison isolée, du côté droit
de la chaussée. Elle est élevée par la famille
Meyer en 1918, comme nous l'apprend l'inscription gravée sur la
totalité de la face du fût-stèle. La croix est
sculptée à l'imitation de la nature : le socle et le
fût sont sculptés afin de ressembler à un tas de
pierres, tandis que la croix imite l'aspect d'un tronc d'arbre.
6. Autres croix
D'autres
croix de chemin sont encore élevées sur le ban
de la commune. Deux croix sont visibles en bordure de la rue de la
fontaine : en granit, la première est élevée aux
frais de la famille Seiler-Koelch (« Errichtet
zur Ehre Gottes durch die Eheleute Seiler Henri - Koelch Rosina
») ; imitant la nature puisqu'elle est sculptée telle un
amas de pierres, la seconde se situe dans les sous-bois et
présente une niche abritant une statuette du
Sacré-Cœur de Jésus. Une croix en granit est érigée à
l'entrée de la rue de
Bitche, au pied d'une petite
réplique de la
grotte de Lourdes
: elle ne porte aucune inscription. Une autre croix en granit se dresse
à l'entrée du village, lorsque l'on arrive de
Siersthal : datant du XXe siècle, elle est élevée aux frais de la famille Lang-Seiler (« Errichtet zu Ehre Gottes durch die Familie Lang-Seiler »).
III. Notes et références
1. Notes
2. Traductions
1.
3. Références
1.
Base Mérimée : notice de la
croix de la rue de l'église (page consutée le 22 octobre 2012).
2.
Base Mérimée : notice de la
croix Demmerle (page consutée le 22 octobre 2012).
3. Archives départementales de la Moselle : B 9480, 5 août 1681 (recherches effectuées par Didier Hemmert).
4. HOGL, 1964, p. 103.
5. KIRCH, 1938, p. 131, fig. 172.
6. OBERHAUSER, 1979, p. 85.
7. PINCK, 1933, p. 479.
8.
Base Mérimée : notice de la
croix Bildstock (page consutée le 22 octobre 2012).
9.
Base Mérimée : notice de la
croix Frölig (page consutée le 22 octobre 2012).
10.
Base Mérimée : notice de la
croix de 1801 (page consutée le 22 octobre 2012).
11.
Base Mérimée : notice de la
croix du chêne des Suédois (page consutée le 22 octobre 2012).
12.
Base Mérimée : notice de la
croix du Kirscheidt (page consutée le 22 octobre 2012).
IV. Annexes
- Archives départementales de la Moselle : B 9480, 5 août 1681 (recherches effectuées par Didier Hemmert).
- HOGL (G.), « Wegkreuze in Ostlothringen », in Saarheimat, cahier 4, Saarbrücken, avril 1964, p. 103.
- JACOPS
(Marie-France), GUILLAUME (Jacques), HEMMERT (Didier), Le Pays de Bitche
(Moselle), Metz, Éditions Serpenoise, 1990, p. 100.
- KIRCH (Abbé Jean-Pierre), Les anciennes croix, surtout croix des champs en Lorraine, 1938, p. 131, fig. 172.
- OBERHAUSER (G.), « Das " Lothringer Kreuz " », in Volkskunst, num. 4, mai 1979, p. 85.
- PINCK (Louis), Verklingende Weisen Lothringer Volkslieder, tome 3, Metz, Lothringer Verlags - u. Hilfsverein, 1933, p. 479.
2. Liens internes