Bitche

Située au cœur du pays de Bitche, dans une dépression bordée de vertes collines boisées où se croisent les routes de Sarreguemines à Haguenau, de Sarreguemines à Wissembourg et de Saverne à Pirmasens, la charmante petite ville de Bitche (Bitsch en allemand) possède un très grand ban de 4040 hectares, le second après celui de la commune voisine de Mouterhouse. Elle est implantée en bordure du pays couvert, dans une zone cependant fort défrichée. Les seuls ruisseaux qui irriguent cette cuvette marécageuse sont la Horn au nord, et un rû né de l'étang de Hasselfurth qui alimente jusqu'à son assèchement en 1820 le Stadtweiher, au pied de la citadelle. Au milieu de la dépression se dresse une étroite barre rocheuse de grès rose, longue de 475 mètres et dominant la plaine de près de cent mètres, qui a porté successeivement le château puis l'imposante et majestueuse citadelle, fierté de la cité et de son pays. Trois agglomérations d'inégale importance se forment à ses pieds, pour former plus tard la ville de Bitche, entourée très tôt d'une muraille et percée de deux portes.

Table des matières

III. Cultes V. Armoiries VII. Annexes
     
IV. Lieux et monuments VI. Notes et références





L'élégant clocher de l'église Sainte-Catherine, datant de 1897, est conçu par l'architecte Ewald Steller de Haguenau. Le centre-ville bitchois et l'église catholique Sainte-Catherine depuis le plateau supérieur de la citadelle. L'ancien hôpital militaire Rocca, situé rue Saint-Augustin, date de la fin du XVIIIe siècle. La cité et sa forteresse depuis le fort Saint-Sébastien.

I. Écarts et lieux-dits

Les villages de Bramersbacherthal, Kaltenhausen, Parcelle, Renoncourt, Repairehof, Rohr etWurschweiler ont aujourd'hui disparus. D'autres lieux-dits sont désormais inégrés au camp militaire. Il s'agit de :

La cité fortifiée depuis la route de contournement. La belle façade de l'hôtel de ville constitue une vitrine de qualité pour la cité fortifiée. Vestige des fortifications de la place de Bitche, la porte de Strasbourg continue de veiller sur l'entrée du centre-ville de la petite cité fortifiée. L'église protestante de Bitche vue depuis le plateau de la citadelle.

II. Histoire

Article détaillé : Histoire du pays de Bitche

Quelques trouvailles archéologiques témoignent de l'ancienneté du site : des tumulus protohistoriques découverts en 1859, un trésor monétaire trouvé en 1905 près du camp militaire et une stèle figurant le dieu Mercure et sa parèdre Rosmerta, déposée en 1911 au Musée de Metz. L'histoire de la ville de Bitche est indissociable de celle de la forteresse qui la surplombe. Après la construction du château, qui prend au fil des siècles de l'importance du fait d'avoir été retenu comme résidence des comtes de Bitche-Zweibrücken, trois agglomérations d'inégale importance se forment à ses pieds, pour former plus tard la ville de Bitche, entourée très tôt d'une muraille et percée de deux portes. La ville ne peut échapper à la sauvagerie des hordes de mercenaires Suédois, qui, dépités de ne pouvoir s'emparer du château, la réduisent en cendres lors de la guerre de Trente Ans (1618-1648). La reconstruction, qui dure des décennies, est constamment interrompue par les incessants conflits franco-lorrains qui ravagent la région.

La ville est rattachée à la France en 1680. Vauban, chargé de la construction du nouveau château de Bitche, fait entourer Kaltenhausen et Rohr d'une enceinte bastionnée qu'il adosse à la forteresse créant ainsi une véritable place forte qui prend le nom de Bitche (1). De nombreux immigrés de langue française, profitant des facilités accordées par Louis XIV aux nouveaux venus, viennent se fixer à Bitche. Ce flux d'immigration est stoppé par le traité de Ryswick en 1697 qui oblige la France à rétrocéder la Lorraine à son propriétaire légitime, Léopold Ier de Lorraine. Mais des Tyroliens, des Suisses, des Wurtembergeois, des Luxembourgeois prennent la relève.

Quelques mètres après les dernières maisons de la cité fortifiée, le moulin de Ramstein veille sur la calme vallée de la Horn. La synagogue bitchoise, désaffectée depuis quelques années par manque de fidèles masculins, se situe dans la rue de Sarreguemines, presque en face de l'hôtel des Postes. La chapelle de l'Étang est érigée en 1515, en bordure de l'ancien étang de la ville, asséché en 1820. L'étang de Hasselfurth, à deux kilomètres de la ville, a été aménagé en un très agréable complexe de loisirs.

1. Domination française

Lorsque les Français reviennent à Bitche en 1738 pour refortifier la cité, une nouvelle étape est franchie. La ville s'étend de plus en plus vers le nord-est et voit s'édifier en son sein des maisons bourgeoises et des hôtels, signe d'une prospérité certaine, ainsi que des bâtiments militaires, comme l'hôpital, actuel bâtiment Rocca et des casernes, qui seront détruites après 1945. C'est à cette époque que les Augustins ouvrent à Bitche le premier collège d'enseignement secondaire d'où sortira par la suite une forte proportion des notables de la Lorraine germanophone. L'église paroissiale Sainte-Catherine est construite en 1774-1775 pour remplacer une petite chapelle datant de 1683 et devenue trop exiguë. Bitche ayant été classée place forte de première classe en 1850, la ville voit sa défense renforcée. On l'entoure d'une nouvelle enceinte et on construit le fort Saint-Sébastien, complété par un camp retranché, ainsi que la voie ferrée Sarreguemines-Haguenau en 1868-1869. Tous ces travaux attirent une forte main d'œuvre à Bitche dont le commerce local tire un large bénéfice. Le commandant Louis-Casimir Teyssier, en charge de la place de Bitche, tiend un siège face à l'assaillant allemand du 8 août 1870 au 26 mars 1871. La ville est bombardée du 23 août au 21 septembre 1870. Un blocus est mis en place du 25 septembre 1870 au 25 mars 1871. Le bilan du siège est de cent quatre-vingt-six morts français et de vingt-trois morts allemands. Le commandant Teyssier remet les clés de la place a son homologue allemand le 26 mars 1871, après un siège héroïque.

2. Domination allemande

Le 10 mai 1871 est signé le traité de Francfort, enlevant à la France l'Alsace et une partie de la Lorraine. La partie de la Lorraine annexée inclue donc l'arrondissement de Sarreguemines dont Bitche fait partie. Malgré sa longue résistance, Bitche devient donc ville du Reich. Pour renforcer l'importance stratégique de Bitche, un champ de manœuvres et de tirs est constitué en 1900 à proximité de Bitche. Lorsque la guerre éclate en 1914, les Bitchois doivent partir se battre sous l'uniforme allemand sur les différents champs de batailles européens : la Première Guerre mondiale voit tomber ainsi quarante-huit Bitchois au champ d'honneur allemand. L'armistice du 11 novembre 1918 rend Bitche à la France après quarante-sept années de domination allemande.

Le couvent des Capucins - ici à gauche avec le clocheton reconnaissable, tandis que la maison Saint-Conrad est à droite - a accueilli les fils de saint François d'Assise entre 1629 et 1654, 1690 et 1722, puis entre 1930 et 1993. La chapelle Saint-Louis et le plateau supérieur de la citadelle de Bitche. Construite en 1766, la fontaine en grès de la ruelle Lamberton représente les armoiries de la ville de Bitche et est restaurée en 1989. Vestige des fortifications de la place-forte, la porte de Strasbourg - dont la circulation automobile a été détournée - continue de veiller sur l'entrée de la cité fortifiée.

3. Retour à la France

Le 22 novembre 1918, onze jours après l'armistice, la population bitchoise accueille les troupes françaises et le 2 août 1919, le Président de la République Poincaré visite Bitche pour remettre officiellement à la ville la Légion d'honneur. Poincaré n'est pas le seul personnage célèbre à venir à Bitche après la première guerre mondiale puisque le maréchal Pétain visite également la cité le 17 octobre 1921. En 1930 commence la construction de la ligne Maginot destinée à protéger les provinces de l'est d'une nouvelle invasion allemande. Cette gigantesque ligne de défense va donner à Bitche un caractère militaire sans précédent, notamment par l'édification d'une ligne fortifiée avec d'énormes réseaux souterrains qui occupent des centaines d'ouvriers, donnant du travail à toute la population du Bitscherland. Inexpugnable dans le passé grâce à sa citadelle, Bitche va garder sa renommée par la ligne Maginot. La ville reçoit également la visite du ministre de la Guerre André Maginot le 8 septembre 1931.

4. Seconde guerre mondiale

Le 1er septembre 1939, deux jours avant la déclaration officielle de la guerre de la France à l'Allemagne, est le jour du départ pour les civils bitchois vers la Charente. C'est ainsi que la vie des réfugiés bitchois se déroule au sein des Charentais jusqu'à l'arrivée des troupes allemandes quelques jours précédant l'armistice de 1940. Peu de temps après, il est signifié à la population réfugiée de Bitche qu'il leur est permis de regagner leur ville. Le ralentissement de la progression américaine et le retour des autorités nazies à Bitche le 3 septembre 1944 dissipent l'espoir de la libération de la ville. Les combats entre les troupes nazies et américaines dans la région de Bitche débutent le 3 décembre 1944. Les obus américains s'abattent sur Bitche et la population se réfugie dans les caves. Le 13 mars 1945, le commandement américain fixe les modalités de son offensive du printemps : il est prévu d'attaquer au centre du front bitchois, de se déplacer à l'est, de prendre la ville de Bitche, de neutraliser le plateau dominant la ville et ensuite de prendre Bitche-Camp. Les troupes allemandes, réalisant qu'il est inutile de résister, désertent Bitche dans la soirée du 15 mars 1945. À six heures du matin, la compagnie E du 398e Régiment d'Infanterie US entre dans Bitche, où ne se trouve plus aucun Allemand. 

Situé au pied de l'hôtel de ville et à proximité de l'église catholique Sainte-Catherine, le monument aux morts de la cité fortifiée est réalisé en 1967 par l'artiste Bonnand de Metz. Culminant à 429 mètres, la colline du Hochkopf constitue le sommet du Bitscherland. Elle se situe au Sud du ban communal de Bitche et c'est dans ses flancs que naît le cours d'eau de la Horn. Construit durant l'annexion de 1871 à 1918, le quartier Jouart constitue un ensemble exceptionnel de casernes, désaffectées depuis le milieu des années 1990. L'hôtel des Postes, un beau bâtiment datant de l'annexion allemande de 1871 à 1918, se situe en bordure de la rue de Sarreguemines.

III. Cultes

Les trois localité de Rohr, Kaltenhausen et Vorburg, qui formeront dès le XVIIe siècle la ville de Bitche, dépendent au Moyen Âge de la paroisse voisine de Schorbach, dont l'église Saint-Rémi est consacrée en 1143. Le curé vient cependant résider dans la nouvelle place-forte bitchoise au lendemain de la guerre de Trente Ans, délaissant la paroisse-mère à un vicaire résident à partir de 1741. La cité fortifiée sera finalement érigée en paroisse autonome en 1802 et élevée au rang de chef-lieu d'archiprêtré. Plusieurs édifices successifs se sont élevés à l'emplacement de l'actuelle église Sainte-Catherine : une nouvelle chapelle est bâtie en 1684 en remplacement d'un bâtiment trop petit. Le même scénario se reproduit en 1775 et une nouvelle tour-clocher est érigée en 1897.

Après avoir dépendu de la paroisse protestante de Mouterhouse et s'être réuni dans différentes maisons de la ville, la population luthérienne de la ville de Bitche croît fortement durant l'annexion allemande de 1871 à 1918. Les autorités permettent l'usage de la chapelle de la citadelle, qui devient à son tour insuffisante aux fidèles civils et militaires, de sorte que la construction d'un édifice religieux est finalement autorisée. La nouvelle église est inaugurée en 1882, parallèlement à l'érection du vicariat en paroisse autonome du consistoire de Sarreguemines.

IV. Lieux et monuments

1. Patrimoine militaire : 

  • Le camp militaire est créé par l'administration allemande en 1900 à côté de la ville.
  • La majestueuse citadelle, surplombant la cité, date de la seconde moitié du XVIIIe siècle, tandis que le musée conserve un plan-relief de la ville datant de 1794. 
  • La porte de Strasbourg est un des seuls vestiges des fortifications de la ville et de ses quatre portes, détruites durant l'annexion de 1871. 
  • Le fort Saint-Sébastien est construit en 1846 pour compléter le dispositif de défense. 
  • L'ancien hôpital militaire, en service jusqu'en 1939 dans le bâtiment Rocca, est actuellement transformé en médiathèque.
  • Les casernes Aynie, LangloisTeyssier et Trummelet-Faber parsèment toute la ville.
La statue de sainte Jeanne d'Arc, autrefois située en bordure de la rue du Maréchal-Foch, au pied de l'église Sainte-Catherine, est désiormais placée en hauteur, à proximité de la porte principale de l'église et du presbytère catholique, sur le glacis du château. Le fort Saint-Sébastien est construit au milieu du XIXe siècle afin de compléter le système défensif de la place-forte de Bitche. Détail des fortifications de la citadelle de Bitche, chef-d'œuvre de l'architecture militaire. Le collège Saint-Augustin, institution bitchoise établie dans la cité depuis 1727, et le nouvel hôpital Saint-Joseph.

2. Patrimoine civil :

  • L'hôtel de ville actuel, vitrine de la cité, date du quatrième quart du XVIIIe siècle.
  • La fontaine de la ruelle Lamberton est construite en 1766. En grès, elle représente les armoiries de la ville et est restaurée en 1989.
  • La nouvelle gare est reconstruite durant l'annexion allemande de 1870. 
  • Le monument aux morts est élevé en 1967 devant l'hôtel de ville, en bordure de la rue du Maréchal-Foch.
3. Patrimoine religieux :
La chapelle Saint-Sébastien date du XVe siècle et a été successivement chapelle de cimetière puis de pélerinage, et enfin à nouveau de cimetière militaire. Reconstruite à l'occasion de la visite de l'empereur Guillaume II à Bitche en 1903, la gare se situe à proximité de la porte de Strasbourg et du centre de la cité. Le jardin pour la paix, fruit de créations originale, peut se visiter conjointement de la citadelle, au pied de laquelle il s'étend. La rue de Sarreguemines, vue ici depuis le plateau inférieur de la citadelle, se prolonge par la raide montée de la Rosselle.

4. Patrimoine naturel :

  • L'étang de Hasselfurth a été transformé en base de loisirs.
  • L'étang du Stadtweiher, asséché, est devenu un agréable parc municipal.
  • Culminant à 429 mètres, la colline du Hochkopf constitue le sommet du Bitscherland. Elle se situe au Sud du ban communal de Bitche et c'est dans ses flancs que naît le cours d'eau de la Horn, qui remontera vers le Nord jusqu'à la frontière allemande.
V. Armoiries

Les armoiries de la cité fortifiée sont les suivantes : « d’argent à une mâcle de sable, gringolée de deux têtes de serpent, celle du chef penchée à dextre, celle de la pointe s’élevant à senestre ».

VI. Notes et références

1. HIEGEL, 1991, p. 5-15 (voir bibliographie).

VII. Annexes

1. Bibliographie
L'ancien couvent des capucins et de la maison Saint-Conrad depuis le plateau inférieur de la citadelle de Bitche. Les armes de la ville de Bitche sont gravées dans le tunnel d'entrée de la citadelle. Le clocher de l'église catholique Sainte-Catherine et en arrière-plan, le collège Saint-Augustin. L'imprenable et majestueuse citadelle de Bitche : la rampe d'accès à l'entrée principale du fort et la chapelle Saint-Louis sur le plateau supérieur, l'un des seuls vestiges de la construction du maréchal de Vauban à la fin du XVIIIe siècle.

2. Liens internes

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