Au plus profond du pays couvert, le village de Mouterhouse (en allemand Mutterhausen), avec ses nombreux écarts égrenés le long des rivières, possède le plus vaste ban du pays de Bitche, couvrant une superficie de plus de 4 200 hectares. La petite localité se situe au confluent des ruisseaux de la Moderbach et du Breidenbach, dans la vallée de la Zinsel. Il est à six kilomètres de la gare de Bannstein et à douze kilomètres de Bitche. De nombreux petits étangs artificiels se succèdent dans la sinueuse vallée de la Zinsel du Nord et de son affluent, le Moderbach. Créés pour l'industrie métallurgique, qui se développe dans le secteur dès le début du XVIIe siècle mais peut-être, plus anciennement, pour alimenter des viviers à poissons et faire tourner les moulins à grain, ils s'étirent comme des chapelets. Le grand étang, déjà décrit en 1785 dans l'Atlas topographique du Pays de Bitche, est le plus vaste d'entre eux puisqu'il mesure pas moins d'un kilomètre de long. Il est agrandi jusqu'aux ruines du château situées au Kapellenhof et est propriété de la famille de Dietrich jusqu'à une date récente.
Table des matières
III. Cultes | V. Armoiries | VII. Annexes | |
|
|||
II. Histoire
|
IV. Lieux et monuments | VI. Notes et références | |
Les écarts sont nombreux, comprenant seulement quelques maisons :
Le village de Mouterhouse est mentionné pour la première fois en 1518, sous la forme Muterhausen, de Moder ou Mutter, nom porté par la rivière et du vieil allemand Hus, Haus, signifiant la maison. On le retrouve ensuite en 1592 sous la forme Motterhausen, en 1594 Moterhausen, Moderhausen au XVIIIe siècle et Moutterhauzen en 1751. Il devient Moderhausen en 1771, puis Mutterhausen lors de l'annexion allemande de 1871. Le nom du village est francisé alors en Mouterhouse lors du retour à la France en 1918, avant de retrouver à nouveau sa forme germanisée, Mutterhausen, le 2 août 1940. Il retrouve son orthographe définitive lors de la Libération en 1944 (1). Près du village passe alors la limite entre les anciens peuples Médiomatriques et Triboques, connue comme frontière séparant encore de nos jours les diocèses de Metz et de Strasbourg et les départements lorrain de la Moselle et alsacien du Bas-Rhin.
La profonde vallée du Moderbach, entourée de hauteurs boisées, fait partie au Moyen Âge de la seigneurie de Bitche. Deux châteaux de chasse, aujourd'hui tous deux disparus et appartenant aux comtes de Deux-Ponts-Bitche, se dressaient, protecteurs de la localité, l'un au sommet de la colline du Hohe Weyersberg, l'autre au fond de la vallée. De ce dernier subsiste encore de nos jours la très belle chapelle castrale, construite en 1505 par le comte Reinhard de Deux-Ponts-Bitche, à qui le pape Léon X accorde des indulgences en 1518. Dans une île de l'étang, en face de la chapelle, le dernier comte de Bitche-Zweibrücken, Jacques, fait construire en 1550 un pavillon de chasse, qui est dit en ruines depuis 1633. Là se formera par la suite le quartier de la chapelle ou Kapellenhof. Un peu plus loin au Sud-Ouest, l'établissement de forges fera naître le village, au confluent des deux ruisseaux, le Breidenbach et le Moderbach, qui forment la Zinselbach septentrionale, affluent de la Moder. C'est d'ailleurs le Moderbach qui aurait donné son nom au village de Mouterhouse. Une autre tradition affirme que la mère du comte de Deux-Ponts se serait réfugiée en 1594 dans le pavillon de chasse de son fils, afin d'y vivre ses derniers jours. De là viendrait le nom du village : Mutterhausen, compris alors comme la maison de la mère.
La première forge est établie dans le village en 1623, mais totalement ruinée par les troupes suédoises du mercenaire Ernst von Manfeld en 1633, durant les tourments de la guerre de Trente Ans (1618-1648). Elle retrouvera son activité en 1717 seulement et appartient à la maison de Dietrich depuis 1843. Mais la seconde guerre mondiale lui sera malheureusement fatale, puisque l'usine est complètement détruite fin décembre 1944 par les bombardements américains et ne sera plus jamais reconstruite. Cette importante sidérurgie est due au grès rose, contenant un horizon ferrugineux, constituant jusqu'à 18 %. Ce minerai est extrait à flanc de coteau, la forêt fournissant l'énergie nécessaire sous forme de charbon de bois. L'activité sidérurgique est très importante jusqu'au milieu du XIXe siècle, où l'on compte plusieurs hauts fourneaux à Mouterhouse. Elle est ensuite concurencée par la sidérurgie plus massive de la Lorraine centrale. La famille de Dietrich en fait néanmoins un des plus gros sites français de production d'essieux et de bandages pour roues de wagons et de locomotives, l'usine employant alors plus de cinq cents ouvriers.
Pendant la seconde guerre mondiale, les habitants du village sont évacués de janvier à avril 1945 dans l'arrondissement de Pirmasens, en proche Allemagne. Le village est également bombardé de décembre 1944 à avril 1945, et est libéré par les troupes alliées le 19 mars 1945. Plusieurs représentations anciennes permettent de connaître l'aspect qu'avait le village dans le passé, au début du XXe siècle, mais aussi de mesurer l'évolution du patrimoine communal lors des importantes destructions causées par les combats et les bombardements de la seconde guerre mondiale.
La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours constitue un important lieu de pélerinage marial dans la région : elle est érigée en 1504 par le comte Reinhard de Deux-Ponts-Bitche, un an avant la construction du château du Wasserburg auquel elle servait de chapelle castrale.
Au XVIIIe siècle, le petit village de Mouterhouse et ses écarts constituent une annexe de la vaste et très ancienne paroisse de Schorbach, dans l'archiprêtré de Hornbach, ajourd'hui en proche Allemagne. Il est par la suite érigé lors de la réforme des circonscriptions ecclésiastiques de 1802 en paroisse autonome du nouvel archiprêtré de Bitche, qui est calqué sur le canton. Le village redevient cependant annexe de la paroisse de Soucht en 1808, avec un vicaire résident, et ce jusqu'en 1869, date à laquelle la paroisse est définitivement rétablie. Une nouvelle église, dédiée à l'Apôtre saint Jacques le Majeur, est érigée en 1869 afin de remplacer la chapelle des forges, reconstruite en 1763-1764 et devenue trop petite pour accueillir les fidèles.
Pour les familles protestantes alsaciennes qui sont venues s'installer près des forges durant la période faste du XIXe siècle pour l'industrie de la vallée, une paroisse est créee en 1850 et la famille de Dietrich, propriétaires de l'industrie, fait construire l'église protestante à ses frais dans les années 1856-1857, afin de permettre aux ouvriers d'exercer leur culte.
La description des armoiries de la commune est la suivante : « mi-parti coup, au 1er d'argent au sapin de sinople, au 2e de gueules à la croix de Lorraine d'or, au 3e de sinople au grêlier d'or ». Le sapin rappelle la présence des grandes forêts voisines, tandis que la croix symbolise l'appartenance au duché de Lorraine. Le grêlier est quant à lui l'emblême de la puissante famille de Dietrich, propriétaires des forges de Mouterhouse à partir du XIXe siècle.