Culte de saint Wendelin dans le Bitscherland

Le Bitscherland possède un patrimoine religieux très riche. Il recèle de charmantes petites chapelles et d'églises remarquables, d'humbles oratoires nichés à la lisière des forêts. Son territoire est parsemé de très nombreux calvaires et croix de chemin, rappelant au promeneur la foi de ceux qui l'ont précédé dans ce pays. La situation de la région, sur les marges de la Lorraine catholique, entraînant l'affirmation d'une foi vive face aux protestants des pays voisins, confortée par une vieille tradition religieuse d'une bonne partie des émigrants, explique la prédominance du patrimoine religieux, qui a laissé son empreinte dans le paysage artistique. Une empreinte toujours renouvelée, tant les mentalités restent profondément ancrées dans leurs traditions.

Table des matières

I. Le saint pâtre	II. Patrimoine religieux	III. Patrimoine civil	V. Notes et références
1. Vie et légende	1. Églises	1. Maisons	1. Notes
			2. Traductions
a. Ses origines	a. Liederschiedt	2. Fontaines	3. Références
b. Arrière-plan historique	b. Schweyen
c. Sa formation		IV. Armoiries
d. Arrivée dans le pays de la Moselle	2. Chapelles		VI. Annexes
e. Berger
f. Miracles	a. Bousseviller		1. Bibliographie
g. Abbé de Tholey	b. Haspelschiedt
h. Le miracle du tombeau	c. Rahling		2. Liens internes
	d. Schorbach
2. Culte			3. Liens externes
	3. Statues
a. Fête et attributs
b. Patronage	4. Vitraux
	5. Calvaires et croix de chemin

I. Le saint pâtre

Wendelin (aussi appelé Wendelinus ou Wendalinus en latin, ou bien encore Wendel en dialecte francique) est un saint catholique, vénéré le 22 octobre. Les premières indications historiques qui le concernent remontent à l'an 1000 et sont vraisemblablement véhiculées par des pélerins (note 1).

1. Vie et légende

Wendelin serait né en 554, fils du roi d'Écosse et de la reine Irelina. Il quitte son pays et son destin royal pour se mettre au service de Dieu, dans l''humilité et la simplicité. Il arrive en Allemagne après un passage à Rome, mendiant son pays et se nourissant d'herbes sauvages et d'eau : il se serait mis au service d'un fermier dans les Ardennes, pour la garde de ses troupeaux (note 2). Il vit chez les bénédictins de Trèves et devient, selon la légende, le premier abbé de l'abbaye Saint-Maurice de Tholey aux alentours de 597. Lors de son décès en 617, Wendelin est inhumé dans sa cellule, au-dessus de laquelle l'archevêque de Trèves Baldwin (ou Baldouin) fait construire en 1320 une chapelle. La ville de Saint-Wendelin (Sankt Wendel), en Sarre, se formera plus tard autour du saint tombeau. Par la suite, les reliques du saint sont transférées à Trèves (note 3). Elles sont vénérées aujourd'hui dans une châsse dorée, dont la basilique Saint-Wendelin de Sankt Wendel sert d'écrin.

2. Culte

Le culte de saint Wendelin se développe rapidement dans sa région d'adoption et de très nombreuses églises et chapelles lui sont dédiées dans les régions allemandes de Rhénanie-Palatinat et de Sarre, ainsi qu'en Alsace-Lorraine. Avec l'exode des années 1800, les habitants du bassin rhénan emportent avec eux le culte du saint et c'est ainsi que l'on retrouve des paroisses qui lui sont dédiées dans l'État américain de l'Ohio, en Afrique du Sud et même en Chine (note 4).

Deux églises du pays de Bitche sont dédiées à saint Wendelin : il s'agit de celles de Liederschiedt, village situé à l'extrémité Nord-Est du Bitscherland et de Schweyen, village situé à l'extrémité Nord-Ouest, tous deux à proximité immédiate de la frontière allemande.

a. Liederschiedt

Annexe de l'église-mère de Walschbronn jusqu'à son érection en paroisse autonome en 1770, l'église de Liederschiedt est construite en 1821, comme nous l'affirme la date portée par le portail de la tour-clocher, hors-œuvre en façade. Dédiée à saint Wendelin, elle remplace une chapelle construite en 1755. Le portail de l'ancienne église parait avoir été conservé et remonté dans la nouvelle, la clef ayant été redatée. L'église est endommagée pendant la seconde guerre mondiale et un bulbe carré remplace désormais le bulbe polygonal surmonté d'une flèche, détruit durant la guerre, qui apparaissait comme une originalité dans le Bitscherland. De nouveaux vitraux, les anciens ayant été détruits durant la dernière guerre, sont réalisés en 1961 par les Artisans du Sanctuaire de Paris, sous la direction de P. Martineau : ils représentent différentes scènes bibliques, ainsi que la vie de saint Wendelin, patron de la paroisse. Le 20 octobre est la fête patronale du village, durant laquelle il était interdit de laisser paître le bétail (note 5). L'église de Liederschiedt renferme deux statues du saint patron de la localité. La première est située sur le maître-autel, tandis que la seconde se trouve dans une niche située au-dessus de la porte d'entrée de l'édifice (note 5).


b. Schweyen

D'abord succursale de la paroisse voisine de Loutzviller, le village de Schweyen est finalement érigé en paroisse autonome en 1899 seulement. Fief des Lichtenberg depuis le XIVe siècle, la Réforme protestante est introduite dans le village de 1569 à 1599, sans laisser toutefois de traces dans le paysage religieux. Une première chapelle est érigée dans le village en 1776, aux frais et sur les terrains de l'ancien laboureur Frédéric Hauck, à cause de l'éloignement de l'église-mère. Une tour-clocher est ajoutée en 1823 et l'édifice est agrandi en 1842, puis exhaussé après la seconde guerre mondiale. Saint Wendelin est fêté traditionnellement le 18 octobre dans le village, jour de la fête patronale (note 6).

On dénombre quatre chapelles dont le saint pâtre est titulaire dans le Bitscherland, sur les bans des communes de Bousseviller, Haspelschiedt, Rahling et Schorbach.

Une première chapelle Saint-Wendelin est érigée au XVIIe ou au XVIIIe siècle à l'occasion d'une épizootie et dédiée, pour cette raison, au saint pâtre, patron des bergers, invoqué pour les maladies des troupeaux et extrêmement vénéré dans notre région. Cette chapelle est détruite lors de la construction de la route de Bousseviller à Hanviller et reconstruite vers 1861, aux frais de Wendelin Conrad. Légèrement déplacée par rapport à son emplacement primitif, la chapelle abrite une statue du saint en plâtre.

Au Nord-Ouest du village de Haspelschiedt, en plein champ, sur le plateau que porte la colline du Schwartzenberg, la chapelle Saint-Wendelin mérite une explication. Elle a été érigée en 1792 par un homme qui avait de grands biens, Jean Maschino. En cette période si troublée de la Révolution, il avait cru bon de cacher son trésor dans un champ pendant la nuit. Sur la colline d'en face, un berger avait suivi le manège. Dès le départ de Maschino, l'autre alla déterrer le magot et l'emporta chez lui. Au petit matin, jugez de la stupéfaction du riche propriétaire, se rendant soudainement compte qu'il était volé et ruiné ! Le berger, qui était sensible à la pitié, vient le trouver alors en disant : « J'ai pris votre bien et l'ai mis à l'abri. Il était si mal caché que n'importe qui aurait pu le trouver et l'emporter ». Bouleversé devant une si grande honnêteté chez un homme pauvre, le riche Jean fit ériger en cet endroit une chapelle en l'honneur de saint Wendelin, patron des bergers. Le petit oratoire qui a eu à souffrir de la dernière guerre est à présent bien rénové depuis 1956.

Située au milieu des champs au Nord-Est du village de Rahling, la petite chapelle Saint-Wendelin, appelée localement Weiherkirche ou encore Weiherkapelle, rappelle le souvenir d'une ancienne localité du ban communal disparue,  le village deWeiher (l'étang). Elle porte sur la façade la date de 1841, gravée sous la niche abritant la sculpture en bas-relief du saint protecteur des troupeaux, au-dessus de l'entrée du petit oratoire. Un autel lui est dédié à l'intérieur de la chapelle (note 7).

La chapelle Saint-Wendelin est isolée, sur le chemin du Simserhof, tout près de la salle des fêtes du village de Schorbach et à l'entrée du vallon de l'Angstbach qui gonfle les eaux du Schorbach. Construit à côté d'une croix monumentale, le petit oratoire est entièrement peint en blanc. Une croix monumentale est élevée en 1854 par la paroisse de Schorbach en l'honneur de saint Wendelin et de saint Roch, saints particulièrement vénérés dans notre région, à la suite d'une épidémie de choléra qui a frappé le village cette année-là. La chapelle est érigée après la seconde guerre mondiale, pour commémorer le centième anniversaire de l'épidémie et de l'érection de la croix de remerciement. Une statue du saint se trouve dans la chapelle, de même que des vitraux racontant sa vie (note 8).

Outre les statues situées dans les églises de Liederschiedt et de Schweyen qui lui sont dédiées, saint Wendelin apparaît dans un grand nombre d'églises et de chapelles du Bitscherland. Une statue en plâtre peint en polychromie de saint Wendelin, datant de la seconde moitié du XIXe siècle, est exposée contre le mur Sud de la nef de l'église Saint-Vincent-de-Paul de Rolbing.


Saint Wendelin est le patron secondaire de l'église Saint-Maurice de Lemberg. Une statue du saint pâtre est située à l'intérieur de l'édifice (note 9).

Une statue du saint pâtre se trouvait très certainement dans la Heiligenhäusel ou chapelle des saints, située près du village de Schweyen. Elle aura disparu lors de la reconstruction suivant la seconde guerre mondiale, vers 1955-1956. Un premier oratoire a pu exister en ce lieu dès le XVIIIe siècle et aurait été en partie reconstruit en 1883. La chapelle doit très vraisemblablement son nom aux statues des saints qui s'y trouvaient avant la dernière guerre : Notre-Dame des Sept-Douleurs, sainte Marguerite, saint Wendelin, saint Blaise et saint Georges. Une invocation au saint, peinte sur un des murs de la chapelle, rappelle qu'il est de tout temps vénéré en ce lieu. Une croix monumentale, érigée à droite de l'oratoire au début du XIXe siècle, représente également saint Wendelin sur le registre supérieur du fût.


Un autel avec statue était dédié à saint Wendelin dans la chapelle Sainte-Vérène, située près du village d'Enchenberg (note 10). La statue et l'autel ont tous deux disparu aujourd'hui, très certainement détruits ou déplacés lors du réaménagement catastrophique de la chapelle de pélerinage dans les années suivant le concile Vatican II, sacrifiant les trésors du mobilier. Le saint est présent à un second endroit sur le site puisqu'on le retrouve sculpté sur la face du socle d'une croix monumentale, située au commencement du chemin de croix qui mène de la chapelle au village.

La chapelle Saint-Sébastien de Bitche, ancienne chapelle de cimetière puis lieu de pélerinage avant de redevenir chapelle de cimetière, date du XVe siècle. Dans le petit chœur de la chapelle, fermé par une belle grille en fer forgé, les statues de saint Wendelin et de saint Roch entourent celle de saint Sébastien, patron de l'oratoire.

Une statue de saint Wendelin est située contre le mur Sud de la nef de l'église de l'Assomption de la Sainte Vierge de Roppeviller. Une autre est située dans la chapelle de la Visitation de Weiskirch, à Volmunster.

4. Vitraux

église Haspelschiedt

Il apparaît irréaliste de recenser toutes les représentations de saint Wendelin sur les centaines de calvaires, de croix de chemin, de croix monumentales ou encore de croix de cimetière qui parsèment l'ensemble du Bitscherland (note 2). La présence du saint sur ces monuments s'explique parfois par son patronage de l'un des commenditaires de la croix (note 3), ou bien plus simplement par la dévotion très grande qu'il connaît dans notre région durant de longs siècles.

Bining (calvaire avec saint Sébastien), Enchenberg (croix chapelle Sainte-Vérène), Epping (rue de la colline), Haspelschiedt (croix Keller), Liederschiedt (calvaire).

 

Dans le village de Lengelsheim, une statuette de saint Wendelin trône dans une niche au-dessus de la porte piétonne de la maison numéro 35, rue principale. En bois polychrome, elle date vraisemblablement de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle (note 11).

Une fontaine se situe devant la maison numéro 42, rue de la fontaine, dans le village de Lengelsheim. Construite en grès sculpté et en fonte, elle représente sainte Wendelin. Le bassin a été refait avec un plaquage de grès en 1979. La statue du saint, surplombant l'ensemble, est en fonte ; seule la tête, provenant d'une autre statue du saint aujourd'hui disparue, est en bois (note 12).

Les armoiries de la commune de Liederschiedt sont « de sinople au mouton d'argent accompagné en chef d'une fleur de lys d'or, à la bordure du même ». Le mouton et le lys sont les emblèmes de saint Wendelin, patron de la paroisse.

1. Des statues de saint Wendelin sont encore visibles dans les églises suivantes : Lemberg, Liederschiedt (deux statues), Rolbing ; dans les chapelles suivantes : Saint-Sébastien à Bitche, Saint-Wendelin à Bousseviller, Saint-Wendelin à Haspelschiedt, Weiherkirche à Rahling, Saint-Wendelin à Schorbach, Weiskirch à Volmunster ; sur la fontaine de Lengelsheim et la maison num. 35 de la rue principale de Lengelsheim.
2. Saint Wendelin apparaît, de manière certaine ou présumée, sur des croix et calvaires situés dans les communes suivantes : Bining (1), Breidenbach (1, 2, 3, 4, 5), Eguelshardt (1, 2), Enchenberg (1), Epping (1), Haspelschiedt (1), Lengelsheim (1, 2, 3), Liederschiedt (1), Reyersviller (1, 2), Rolbing (1), Schorbach (1, 2, 3, 4, 5), Schweyen (1, 2, 3), Waldhouse (1, 2).
3. La présence du saint pâtre sur certaines de ces croix est dûe à son patronage de l'un des commenditaires. Cela est attesté pour les croix suivantes : Waldhouse (1).

1. 

        1. Wikipédia : Wendelin (introduction). Page consultée le 24 mai 2011 (voir bibliographie).
        2. Saint Wendelin. Nominis. Page consultée le 25 mai 2011.
        3. Wikipédia : Wendelin (Légende). Page consultée le 24 mai 2011 (voir bibliographie).
        4. Wikipédia : Wendelin (Culte). Page consultée le 24 mai 2011 (voir bibliographie).
        5. Wendalinus Patrozinien nach den Wendalinus Kulturräumen, p. 24 (voir bibliographie).
        6. Wendalinus Patrozinien nach den Wendalinus Kulturräumen, p. 26 (voir bibliographie).
        7. Wendalinus Patrozinien nach den Wendalinus Kulturräumen, p. 25 (voir bibliographie).
        8. Wendalinus Patrozinien nach den Wendalinus Kulturräumen, p. 25-26 (voir bibliographie).
        9. Wendalinus Patrozinien nach den Wendalinus Kulturräumen, p. 25 (voir bibliographie).
        10. Wendalinus Patrozinien nach den Wendalinus Kulturräumen, p. 23 (voir bibliographie).