Église Saint-Bernard de Reyersviller

Avec ses modestes maisons dispersées en ordre lâche, le petit village de Reyersviller s'étire dans la longue et verdoyante vallée du Schwangerbach. En plein cœur du pays couvert, la charmante localité se situe à deux kilomètres seulement au Sud-Ouest de la ville de Bitche. Le patrimoine religieux du village est très riche, puisqu'il possède l'église Saint-Bernard, construite une première fois à la fin du XIXe siècle dans le style néogothique, avant d'être détruite par les bombardements de la seconde guerre mondiale et remplacée à la fin des années 1950 par un édifice moderne, plusieurs croix de chemin et calvaires parsemant le ban communal, le calvaire de type Bildstock érigé dans l'écart de Schwangerbach au XVIIe siècle, ainsi que le chemin de croix contemporain, installé dans la forêt dominant le village et aboutissant à la Croix du Schimberg.

L'église Saint-Bernard de Reyersviller. Le clocher de l'église Saint-Bernard. Vue de la nef et du chœur de l'église avant la dernière guerre mondiale. L'arrière de l'église paroissiale de Reyersviller.

Table des matières

I. Histoire
III. Mobilier IV. Orfèvrerie VI. Notes et références
   
1. Village sans chapelle
1. Autels
V. Abbé Nullans
1. Notes
2. Première église
2. Statues
2. Références
3. Nouvelle église
3. Vitraux
 

4. Orgue

VII. Annexes
II. Édifice



1. Bibliographie
2. Liens internes

I. Histoire

1. Village sans chapelle

Du point de vue spirituel, le petit village de Reyersviller constitue tout d'abord une succursale de la très ancienne et vaste paroisse Saint-Rémi de Schorbach, cela durant de très longs siècles. Il dépend alors de l'ancien archiprêtré de Hornbach, aujourd'hui situé en proche Allemagne. Lors de la réforme des circonscriptions ecclésiastiques entreprise en 1802, le village est ainsi intégré dans le nouvel archiprêtré de Bitche et devient annexe de cette paroisse, statut qu'il conservera jusqu'en 1863, date de son érection en paroisse autonome de ce même archiprêtré, qui est calqué sur le canton de Bitche.

La bénédiction des cloches de l'ancienne église. Le village et l'ancienne église Saint-Bernard. La façade de l'ancienne église. La réception à Bitche des cloches de l'ancienne église.

Au début du XIXe siècle, les habitants du petit village de Reyersviller, qui constitue déjà une commune indépendante depuis les réformes administratives entreprises lors de la Révolution française de 1789, sont toujours astreints à se déplacer à l’église de Bitche pour recevoir les sacrements et même entendre la Sainte Messe chaque dimanche. Il a bien existé un premier projet de construction d'une simple chapelle pour le village, mais il est abandonné, par faute de ressources.

2. Première église

Une nouvelle incroyable parvient cependant en 1853 dans le calme village : un mécène généreux serait prêt à verser gracieusement la somme considérable de 20 000 frs, afin de construire une église dans le village de Reyersviller. Il s’agit en effet du chanoine Bernard Thomas, secrétaire de Monseigneur l’Évêché de Metz. Étant originaire de Bitche, il connaît parfaitement les possibilités de ce village à la terre sablonneuse peu fertile. Par ailleurs, dans son esprit, comme il l’exprime dans une lettre, « ce chantier ne pouvait qu’être bénéfique à de nombreux habitants du village et des environs. Une région riche en tailleurs de pierre, carriers, maçons et manœuvres ».

L'autel de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus avant la seconde guerre mondiale. Le côté ouest de l'église en ruines en 1945.

Le village et l'église Saint-Bernard en 1945 (d'après un album de M. Pierron, " Arrondissement de Sarreguemines. Secteur de reconstruction ").

L'église en ruines en 1945 (d'après un album de M. Pierron, " Arrondissement de Sarreguemines. Secteur de reconstruction ").

En outre, dans une pétition en date du 8 décembre 1853, il demande au gouvernement français d’accorder à cette pauvre commune une subvention de 13.890 frs, afin de compléter la somme de 33 890 frs du devis, établi bénévolement par Jules Racine, architecte de la ville de Metz. Dans la même correspondance, il demande que le village obtienne le titre officiel de paroisse, car étant dans l'incapadité d’entretenir un vicaire résident. L’abbé Cordier de Bitche, qui n'est sans doute pas étranger à cette manne providentielle, remercie chaleureusement le généreux donateur, qui a fait en 1854 le même geste pour le proche village d’Eguelshardt. Malheureusement, sa lettre au ministère essuie un net refus, parce que « les crédits portés au budget des cultes sont exclusivement réservés aux églises ouvertes au culte », or le village de Reyersviller ne constitue pas encore une paroisse autonome mais demeure seulement succursale. Le 25 février 1854, une nouvelle lettre partant de l’Évêché de Metz, conjointement avec la préfecture de la Moselle, est suivie du même refus, entraînant dans un cercle vicieux qui tournera en rond six longues années durant.

L'église et le presbytère en ruines. Vue intérieure de l'église en ruines en 1945 (d'après un album de M. Pierron, " Les ruines qui parlent dans l'arrondissement de Sarreguemines "). Le village en reconstruction dans les années 1948-1949.

Le maître-autel néogothique est replacé dans l'église-baraque entre 1945 et 1959.


À présent, le maire Brunagel prend l’affaire en main ; il s’adresse tout d'abord le 6 décembre 1860 à l’abbé Bernard Thomas, qui confirme sa première promesse généreuse de 20.000 frs, tandis que la commune est prête à vendre deux coupes de bois, rapportant 24.000 frs, et que l’abbé Cordier de Bitche organise des quêtes permettant de récolter une coquête somme s’élevant à 3.500 frs. On y arrivera donc sans le gouvernement ! Un terrain est alors acheté au centre du petit village et l’entreprise Delay de Bitche peut ouvrir le chantier de construction en 1862, pour le terminer en juin 1864. Deux nouvelles cloches sont bénies le 5 octobre et le chanoine Bernard Thomas procède à la bénédiction solennelle de l’église le 9 octobre 1864, sous le vocable de saint Bernard de Clairvaux, son patron, selon le vœu exprimé par la population reconnaissante envers son généreux bienfaiteur, mais aussi lié à l'histoire du Bitscherland, par l'importance de l'ancienne abbaye cistercienne de Sturzelbonn, disparue à la Révolution françise. Monseigneur Paul-Georges-Marie Dupont-des-Loges (1804-1886), Évêque de Metz de 1843 à 1886, ne consacrera l’édifice que le 13 juin 1866, dans la liesse générale de toute la vallée.

L'église provisoire a servi à la communauté villageoise entre 1945 et 1959. La pierre de fondation porte la date de construction de l'édifice, 1956. Cette photographie restitue l'arrivée de la première pierre de la nouvelle église. On peut reconnaître le jeune abbé Nullans avec sa sacoche, ainsi que Monseigneur Louis, vicaire général du diocèse ; le maire de l'époque, Lucien Schneider, est aussi présent ; les trois jeunes filles sont Yvette Steiner née Seiler, Laurette Knebel née Tarral, la fille de l'insituteur de l'époque, et Liliane Duquesne née Lang. Vue intérieure de l'église.

3. Nouvelle église

La seconde guerre mondiale ne passe pas inaperçue dans le village de Reyersviller, qui connaît l’évacuation dans le département de la Charente, puis un nouvel exode au plus fort de la bataille pour la Libération. Toutes les maisons sont alors endommagées et l’église Saint-Bernard est en ruines, ayant subie les bombardements de décembre 1945 à mars 1945, à la grande douleur de l’abbé Bach. Il fait alors monter une chapelle-baraque provisoire en espérant la reconstruction, qui ne sera malheureusement plus envisagée après son départ en 1953. En effet, un édifice d’un tout nouveau style prend la place de la vénérable église néogothique du siècle précédent, construit soixante-dix mètres plus au nord. Elle est seulement reconstruite de 1956 à 1959 sur les plans de l'architecte bitchois Roger Sarraih. La très belle cérémonie de la pose de la première pierre a eu lieu en 1956, comme le confirme la pierre datée sur la façade sud. Monseigneur Paul-Joseph Schmitt (1911-1987), Évêque de Metz de 1958 à 1987, est venu consacrer la nouvelle église le 21 juin 1959, à la grande joie de tous les habitants de Reyersviller et tout particulièrement du jeune curé Joseph Nullans, qui a porté ce grand projet dans son cœur durant de longues années.

Le chœur de l'église. Le nouvel autel est réalisé en béton. La façade de l'église Saint-Bernard de Reyersviller. Une plaque commémorative rappelle la mémoire du chanoîne Joseph Nulland.

II. Édifice

La première église Saint-Bernard consistait en un édifice à plan en croix latine, possédant trois vaisseaux ; l'édifice était construit en grès, en pierre de taille et en moellon enduit. De type église-halle, elle possèdait un transept et un chevet polygonal. La tour-clocher se situait dans-œuvre en façade et le toit était à longs pans, avec croupe et flèche polygonale. L'édifice actuel possède quant à lui un vaisseau unique avec plan allongé ; il est pour sa part construit en calcaire, en béton, en pierre de taille et en moellon enduit. Le toit, qui est recouvert de tuiles mécaniques, est à longs pans et à bâtière.

Le village de Reyersviller et l'église Saint-Bernard en hiver, depuis le sommet de la colline du Schimberg. L'ambon et le tabernacle. Une belle croix d'applique date du XVIIIe siècle. Le village de Reyersviller et l'église Saint-Bernard.

III. Mobilier

1. Autels

Dans l'ancienne église, un autel latéral était dédié à sainte Thérèse de Lisieux. Surmonté d'une statue de la sainte carmélite, il présentait également un gisant de la même sainte dans le tombeau de l'autel.

2. Statues

Les belles statues des quatre saints Évangélistes, en chêne taillé et verni, sont conservées dans la sacristie de l'église Saint-Bernard. Elles datent très vraisemblablement du XIXe siècle. D'origine inconnue, elles ne proviennent en aucune façon de la chaire à prêcher de l'ancienne église paroissiale, qui était pour sa part construite en pierre. La croix d'applique date du XVIIIe siècle. En bois taillé et laqué, elle représente Notre-Seigneur Jésus-Christ en Croix.

Le joyau du mobilier est sans conteste la statue de l'Assomption de la Très Sainte Vierge Marie, une magnifique œuvre alsacienne datant du XVIIIe siècle. En tilleul doré, peint en polychromie, elle est offerte à la paroisse par une famille alsacienne en 1959, lors de la consécration de la nouvelle église Saint-Bernard. 

3. Vitraux

Les vitraux, les tapisseries et les mosaïques sont signés Léon et Irène Zack.

4. Orgue

Un nouvel orgue, œuvre du facteur Alfred Kern, est installé finalement en 1961 dans l'édifice achevé. Le bel instrument possède deux claviers de cinquante-six notes et un pédalier de trente notes, ainsi que des transmissions mécaniques.

La statue de l'Assomption de la Très Sainte Vierge, datant du XVIIIe siècle, constitue le joyau du mobilier de l'église. La silhouette de l'église Saint-Bernard dans la brume.

IV. Orfèvrerie


La paroisse possède plusieurs belles pièces d'orfèvrerie. Un très bel ostensoir en argent et en laiton, avec des décors en or, date du milieu du XIXe siècle : il est exécuté avant 1865 par l'orfèvre parisien Trioullier et offert par la suite à la nouvelle église Saint-Bernard de Reyersvillerpar Sa Majesté l'empereur Napoléon III. Il représente la figure biblique de l'Agneau mystique, ainsi que des épis de blé et de pampre. On y voit également les armoiries impériales ainsi que la marque d'atelier et le poinçon. Un calice en argent et en or est conservé à l'église. Le pied et la tige datent du quatrième quart du XVIIIe siècle, tandis que la coupe est fabriquée au XIXe siècle. On y découvre de l'ornementation végétale ainsi que le poinçon du maître horizontal.

Le tabernacle. La statue de la Sainte Vierge de l'Assomption date du XVIIIe siècle. Le village de Reyersviller et l'église Saint-Bernard.

Monsieur l'abbé Bernard Thomas, fondateur de l'édifice, offre à la paroisse un calice et une patène, exécutés après 1838, en souvenir de sa consécration solennelle, qui a eu lieu le 13 juin 1866. En argent avec décors d'or, ils représentent la Croix, un angelot, le triangle de la Très Sainte-Trinité, les Tables de la Loi et les Vertus, ainsi que de l'ornemantation végétale. On y distingue le poinçon de titre de l'argent, le poinçon de titre de l'or, celui du maître, ainsi qu'une inscription concernant le commanditaire.

Le tabernacle.

V. Abbé Nullans 

L'abbé Joseph Nullans a été curé de la paroisse de Reyersvillerpendant près de cinquante ans, entre 1953 et 1996. Durant la seconde guerre mondiale, l'homme d'Église a été enfermé à la prison Charles III à Nancy, avant de retrouver la liberté. Le 1er octobre 1944, la Gestapo l’arrêta ainsi que tout un groupe d’autres personnes. Un camion les conduisit alors au camp de concentration de Schirmeck, en Alsace, à une époque donc où la ville de Paris était déjà libérée. Le 20 novembre, c’est-à-dire la veille de la grande offensive du général Leclerc sur Strasbourg, les prisonniers reçurent l’ordre de se préparer à partir en vitesse. La halte à Strasbourg éveilla de grandes illusions, puisqu'ils croyaient en leur libération imminente. En fait, ils furent transportés à Rastatt, où ils restèrent enfermés dans un camp du 21 novembre au 2 décembre 1944. Puis ils furent transférés dans un camp à Haslach où ils se retrouvèrent avec environ 600 prisonniers venus des camps de concentration du Struthof et d'extermination de Dachau, entre le 2 décembre 1944 et le début du mois de janvier 1945.

L’auteur du témoignage souffrit par la suite d’un phlegmon qui lui permit d’être envoyé dans un lazaret en Forêt-Noire. Quand enfin il put monter dans le train du retour, il dut négocier pour pouvoir descendre en gare de Lunéville et non aller à Paris, le 29 avril 1945. L’auteur signale aussi que dès 1947, on a fait disparaître les témoignages et on a détruit les locaux des atrocités. Le chanoîne Joseph Nullans publia ses souvenirs à son retour dans « L’enfer de Haslach », dans la revue Confluence, Sarreguemines, numéro  5, Spécial Libération.  Il est décédé en 1996 et est inhumé dans le cimetière de Reyersviller, sous un charmant petit mausolée.

Les vitraux sont signés Léon et Irène Zack. L'église et le cimetière depuis le centre du village. L'orgue Kern de l'église Saint-Bernard. Les fonts baptismaux sont taillés dans la pierre de Volvic.

VI. Notes et références

1. Notes

1.

2. Références

1.

VII. Annexes

1. Bibliographie
2. Liens internes

Églises catholiques du canton de Bitche

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