Statuaire dans le pays
de Bitche
Le Bitscherland possède un patrimoine religieux très riche.
Il recèle de charmantes petites chapelles et
d'églises remarquables, d'humbles oratoires
nichés à la lisière des
forêts. Son territoire est parsemé de
très nombreux calvaires et croix de chemin, rappelant au
promeneur la foi de ceux qui l'ont
précédé dans ce pays. La situation de
la région, sur les marges de la Lorraine catholique,
entraînant l'affirmation d'une foi vive
face aux protestants des pays voisins, confortée par une
vieille
tradition religieuse d'une bonne partie des émigrants,
explique
la prédominance du patrimoine religieux, qui a
laissé son
empreinte dans le paysage artistique. Une empreinte toujours
renouvelée, tant les mentalités restent
profondément ancrées dans leurs traditions.
Description
« Comme l'ensemble
du patrimoine, mobilier ou immobilier, la statuaire du Pays
de Bitche est très récente, puisqu'il
n'existe d'œuvre antérieure au XVIIIe
siècle, hormis la Vierge
de Pitié de Rimling,
datée du milieu du XVe siècle, et
celles de Rahling
et de la chapelle
de l'Étang à Bitche,
du XVIIe siècle. Elle est peu abondante, avec moins d'une
centaine d'œuvres, dont la quasi-totalité est en
bois de
chêne, parfois de tilleul, avec
généralement une
polychromie et une dorure modernes. De facture souvent populaire, avec
des formes pleines, des visages arrondis, une attitude un peu raide et
une absence de recherche dans le traitement des vêtements,
une bonne partie de ces statues apparaît comme la
production
d'artistes locaux.
D'autres, plus élégantes dans leurs attitudes et
plus expressives dans leur physionomie, témoignent
de l'influence de l'art baroque dans la région.
Parmi celles-ci, un groupe homogène d'une dizaine de Vierges de l'Immaculée Conception,
sculptées dans la seconde moitié du XVIIIe
siècle, s'imposent par leur qualité et dominent
l'ensemble de la statuaire régionale. Dressées
sur un globe et terrassant le serpent, le visage à l'ovale
parfait tourné vers le ciel, elles sont
légèrement hanchées et portent une
robe aux plis abondants, tandis que l'ample voile-manteau,
posé sur les épaules et retenu
à l'avant par une
ceinture, est animé par un foisonnement de plis. Elles sont
posées sur un socle tripode très
caractéristique, à la base renflée,
orné de lourdes guirlandes de laurier.
Si
l'on excepte les christs en croix et les saints titulaires des
églises paroissiales, dont l'image est souvent présente, les plus
vénérés sont
ceux-là même qu'on retrouve sur les croix
de chemin : des
saints protecteurs pour les hommes mais surtout pour les animaux (saint
Sébastien et saint Quirin, saint Hubert, saint
Wendelin et
sainte Vérène), des saints plus
particulièrement
honorés dans le Pays de Bitche (saint François
d'Assise et
saint Antoine de Padoue surtout, [populaires de par la présence du couvent
des Capucins à Bitche
jusqu'en 1722 et de celui de
Sarreguemines à partir de 1721]) et des saints
dont le culte s'est propagé à la suite de la Réforme catholique (saint Joseph, saint Jean
Népomucène [- ou Johannes Nepomuk -] et
saint François-Xavier). Mais c'est la Vierge qui tient la place prépondérante
avec une trentaine de figures : Vierge à l'Enfant, Vierge de
Pitié, Vierge de l'Assomption et surtout
Immaculée Conception, un thème très
fréquent dans la seconde moitié du XVIIIe
siècle, qui se prolongera jusque vers les années
1830-1840.
Parmi les dévotions nouvelles du XIXe
siècle, le Sacré-Cœur du Christ et [le Cœur
Immaculé] de la Vierge, les apparitions de la Vierge à Lourdes [-
qui vont envahir l'extérieur des églises avec le
développement des répliques de la grotte de
Massabielle,
exécutées dans de très nombreux
villages -] et de
la Salette, ainsi que saint Louis de Gonzague s'imposent dans la
sculpture de série, alors que saint
Wendelin continue à
être vénéré dans la plupart
des
églises » (Le Pays de Bitche, p. 10-11). On peut signaler également, au XXe
siècle, la diffusion des statues de Notre-Dame de Fatima,
suivant les apparitions de la Mère de Dieu à
trois
enfants portugais au cours de l'année 1917, ainsi que celles
de saint Padre Pio, canonisé en 2002.
Des
chemins de croix sculptés en bas-relief sont progressivement
installés dans les églises du Bitscherland, principalement
au cours du XIXe siècle. Certains connaissent des adaptations
majeures dans la seconde moitié du XXe siècle, visant
à alléger ce qu'on estimait alors être
surchargé : les stations monumentales ont ainsi
été dépouillées de leur armature en bois,
comme à l'église Saint-Marc de Siersthal.
Bibliographie
- JACOPS (Marie-France), GUILLAUME (Jacques), HEMMERT
(Didier), Le Pays de Bitche (Moselle), Metz, Éditions
Serpenoise, 1990, p. 10-11.