Orfèvrerie dans le Bitscherland

Le Bitscherland possède un patrimoine religieux très riche. Il recèle de charmantes petites chapelles et d'églises remarquables, d'humbles oratoires nichés à la lisière des forêts. Son territoire est parsemé de très nombreux calvaires et croix de chemin, rappelant au promeneur la foi de ceux qui l'ont précédé dans ce pays. La situation de la région, sur les marges de la Lorraine catholique, entraînant l'affirmation d'une foi vive face aux protestants des pays voisins, confortée par une vieille tradition religieuse d'une bonne partie des émigrants, explique la prédominance du patrimoine religieux, qui a laissé son empreinte dans le paysage artistique. Une empreinte toujours renouvelée, tant les mentalités restent profondément ancrées dans leurs traditions.

Histoire

« Particulièrement abondante et bien conservée, comme très souvent en Moselle, l'orfèvrerie religieuse a une histoire comparable à celle de la statuaire : elle est quasi absente avant le XVIIIe siècle, la seule pièce conservée de cette époque étant un calice du XVIe siècle à Walschbronn. Une situation qui s'explique en partie aussi par la guerre de Trente ans et dont la visite canonique de 1686 rend particulièrement bien compte. Elle insiste sur la pauvreté des églises et sur la conservation du Saint-Sacrement dans des ciboires en métal vil ; bien plus, Rahling et Rohrbach-lès-Bitche ont seulement une boîte de carton et Bettviller une simple boîte en bois.

Le rétablissement général, dès la fin du XVIIe siècle mais au XVIIIe siècle surtout, explique que les pièces de cette époque soient, en revanche, relativement nombreuses (calices, ciboires, ostensoirs, encensoirs, navettes, plateaux à burettes), les paroisses se fournissant soit chez les orfèvres du Pays de Bitche et de Sarreguemines, soit à Strasbourg ou très exceptionnellement à Paris. On s'adresse sur place à Charles-Nicolas Lepoire, reçu maître-orfèvre à Bitche en 1779 et à Joseph Lepoire reçu à Bouquenom en 1772, la même année que Joseph Lintzen à Forbach. Jean-Louis Imlin le jeune, reçu à Strasbourg en 1720, fournit un calice à Lambach, Kœnig, reçu dans la même ville au milieu du XVIIIe siècle, un calice à Obergailbach en 1779, mais le maître-orfèvre strasbourgeois auquel passent commande les riches paroisses de Bettviller, Bitche, Schorbach et surtout Rahling est Jean-Georges Pick, reçu en 1739. Son œuvre, très élégante, suit l'évolution générale des formes mais il recourt très souvent à un décor floral ciselé sur le pied et la fausse-coupe. Enfin, l'église Sainte-Catherine de Bitche conserve un plateau à burettes de Guillaume Loir, en activité à Paris de 1716 à 1769.

Au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, ce sont deux orfèvres installés à Deux-Ponts (Palatinat), qui exercent une sorte de monopole sur le marché : Johann-Fidelius Weihinger (1739-1814) et, à un moindre degré, Johann-Peter-Friedrich Musculus (1758-?). Leurs pièces, qu'il est parfois difficile de différencier, allient le laiton doré à l'argent. Les calices et les ciboires comportent un nœud en ballustre ou en poire, au profil anguleux, et le décor est fait d'oves, de torsades, de guirlandes, d'acanthes, de feuilles d'eau, Musculus utilisant en plus des godrons, des perles et des plumes ciselées en faible relief sur les pieds, les nœuds et les fausses-coupes. Plus spécialisé dans les ostensoirs et les reliquaires, Weihinger donne aux pieds des formes variées, ovales simples ou chantournées mais aussi rectangulaires, la tige et la gloire présentant d'une œuvre à l'autre une morphologie semblable. La gloire, en partie en argent, est formée d'une nuée rayonnante timbrée de têtes d'angelots, Dieu le Père en buste figurant sous la croix placée en amortissement : un décor souvent très riche qui contraste avec la tige et le pied.

Succédant à ces productions, on trouve des œuvres d'Auguste Laroche, orfèvre à Strasbourg dans la période 1819-1838 et sans doute au-delà. Ses calices, ses ciboires et ses reliquaires sont très sobres, avec seulement un décor à la molette ou poinçonné, le profil des pieds, fortement moulurés, étant assez lourd. Tout au long du XIXe siècle, les paroisses s'adressent désormais, comme partout ailleurs en France, aux grands orfèvres parisiens et lyonnais : Théodore Tonnelier, Alexis Renaud, F. Favier, Charles-Eugène Trioullier, Philippe-Adolphe Dejean, Marie Thierry, Thomas-Joseph Armand-Calliat, Antoine Jolivet et Demarquet frères, qui tous fournissent des pièces repoussées, le plus souvent en argent doré, au luxuriant décor envahissant toutes les surfaces disponibles. À l'époque de l'Annexion, ce sont à nouveau les Allemands qui s'imposent, notamment l'orfèvre Rauscher, de Fulda » (Le Pays de Bitche, p. 11-12).

Bibliographie
Liens internes


Mobilier liturgique dans le Bitscherland

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