Pièces d'orfèvrerie de la paroisse Sainte-Catherine de Bitche

L'élégante église paroissiale Sainte-Catherine se situe au cœur de la petite ville de Bitche. Érigée sur le glacis du château, elle surplombe la rue du Maréchal-Foch, l'une des principales artères commerciales de la cité fortifiée, à proximité de l'hôtel de ville et tout près de la porte de Strasbourg, vestige des anciennes fortifications de la place. Son clocher imposant est très caractéristique de par sa disproportion par rapport au reste de l'édifice.

L'église Sainte-Catherine vue depuis le plateau inférieur de la citadelle de Bitche. La silhouette de l'église catholique Sainte-Catherine de Bitche. L'église catholique de Bitche depuis le plateau supérieur de la citadelle. Le clocher de l'église Sainte-Catherine de Bitche au début du XXe siècle.

Table des matières

II. Pièces d'orfèvrerie III. Notes et références IV. Annexes
       

I. Histoire et édifice

Les localités de Rohr, Kaltenhausen et Vorgeburg, qui formeront plus tard la ville de Bitche, dépendent de tout temps de la paroisse Saint-Rémi de Schorbach, dont l'église est consacrée en 1143. Le curé vient cependant loger dans la nouvelle place de Bitche lors de la reconstruction de la cité et la fortification suivant la guerre de Trente Ans, se faisant remplacer à Schorbach par un vicaire résident à partir de 1741. La première chapelle Sainte-Catherine est détruite sur ordre de Mgr d'Aubusson de la Feuillade lors d'une visite pastorale en 1680 et une nouvelle église est érigée au pied de la citadelle, à l'emplacement de l'édifice actuel. La construction débute en 1684 mais le bâtiment s'avère rapidement trop petit et il menace ruine, de telle sorte qu'il est interdit au culte dès 1740. Une nouvelle construction est alors envisagée, qui sera réalisée entre 1773 et 1775, en gardant le clocher de l'église de 1684, jugé en bon état. La ville de Bitche est finalement érigée en paroisse autonome en 1802, devenant le chef-lieu du nouvel archiprêtré qui porte son nom. La tour-clocher est finalement reconstruite en 1897. L'édifice est gravement endommagé lors des bombardements de la seconde guerre mondiale et une très grande partie du mobilier est renouvelé durant les années suivant le conflit.

II. Pièces d'orfèvrerie

a. Calice num. 6

Un calice en cuivre doré (pied et fausse-coupe), argent (coupe) et bronze (nœud), date de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle. Présentant sur le pied un poinçon de maître en forme de losange vertical dans lequel on distingue les initiales
« LH », il s'agit peut-être d'une œuvre alsacienne, influencée par la production germanique dans sa morphologie. Une inscription est gravée à la pointe sèche à l'intérieur du pied : « Monsieur l'abbé Roloff. Curé Archiprêtre de Bitsch ». La boîte en carton qui le renferme porte une étiquette, partiellement illisible : « Michel Denis et ...teder Metz ».

La coupe est vissée sur la tige ; la tige est fixée au pied par le biais d'une tige filetée et d'un écrou ; la fausse-coupe est emboîtée. Le pied du calice présente un décor ciselé de cannelures et d'acanthes, acanthes que l'on retrouve sur le nœud, associées à des feuilles d'eau et à une torsade. La fausse-coupe est ornée pour sa part de godrons, de feuilles et d'une guirlande de lauriers (1).

Le calice date de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Le pied du calice présente un décor ciselé de cannelures et d'acanthes (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Le nœud est décoré d'acanthes, associées à des feuilles d'eau et à une torsade (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). La fausse-coupe est ornée de godrons, de feuilles et d'une guirlande de lauriers (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine).

b. Reliquaire de la Vraie Croix

Un reliquaire de la Vraie Croix, en laiton doré et en argent, porte les marques poinçonnées « Weihinger » (face de la bâte du pied), « le fils » (bâte du pied) et « Deux-Ponts » (revers de la bâte du pied). Il présente des formes comparables à celles de l'ostensoir du même sculpteur, mais est néanmoins moins élégant que ce dernier. Les fleurons ajourés qui terminent les bras de la croix, les acanthes repoussées au niveau de la base et ciselées sur le pied, de même que le décor rocaille qui entoure la relique, tout rattache encore cette œuvre à l'orfèvrerie du XVIIIe siècle (2, 3). 

Le reliquaire de la Vraie Croix vu de face (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Le revers du reliquaire de la Vraie Croix (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Détail du reliquaire : la croix, vue de face (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine).

c. Ostensoir num. 1

La paroisse possède un ostensoir en laiton doré pour l'ensemble et en argent pour le pourtour de la lunule et les feuillages sur la tige, ce qui produit un jeu d'opposition des couleurs. Datant de la fin du XVIIIe siècle ou de la première moitié du XIXe siècle, il s'apparente à d'autres ostensoirs semblables, qui portent le poinçon de l'orfèvre Weihinger fils, installé à Zweibrücken dans le proche Palatinat, ce qui permet de lui attribuer aussi cette œuvre. Prolongé par une haute tige qui se termine par un bouquet de pampres et d'épis de blé, duquel surgit la gloire, le pied de la pièce est de forme rectangulaire, dont la base est profilée en doucine. Des grappes de raisin décorent également le pied ainsi que la gloire. Présentant les couleurs de l'or et de l'argent, la gloire porte un décor de rocaille ainsi que de chutes de fleurs : elle est dominée par la silhouette de Dieu le Père, représenté en buste sur fond de rayons. On peut voir sur le pied un triangle trinitaire, dans une nuée (4).
 
La face de l'ostensoir (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Le revers de l'ostensoir (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Détail de l'ostensoir : le décor du pied (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Détail de l'ostensoir : la gloire (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine).

d. Ostensoir num. 2

Un second ostensoir appartient à la paroisse Sainte-Catherine. En argent repoussé et découpé recouvert d'or en totalité, il s'agit d'une pièce datant de la seconde moitié du XIXe siècle

Dépourvu de tout décor, un beau calice en argent doré est attribué à l'orfèvre Weihinger et date très probablement des dernières années du XVIIIe ou du début du XIXe siècle. Il présente un haut pied circulaire fortement mouluré et une tige faite d'éléments au profil anguleux, assez caractéristique de la production de cet atelier allemand installé à Zweibrücken, dans le proche Palatinat. 

Un second calice en argent doré est l'oeuvre de l'orfèvre J.-G. Pick, installé à Strasbourg. Il date de la seconde moitié du XVIIIe siècle et est complété par une très belle patène ornée de la représentation de la Sainte-Cène. Il témoigne de la variété et de l'évolution de sa production, si on le compare au décor rocaille du calice de Bettviller daté 1772. Ici l'utilisation de godrons et de canaux sur fond amatti, la présence de fleurons bordant la fausse-coupe, la collerette saillante à décor de perles et la forme ovoïde du nœud sont encore des réminiscences de l'orfèvrerie du XVIIe siècle.

Un ciboire est signé Favier, orfèvre à Lyon, et est fourni à la paroisse après 1838 (5).

Plateau à burettes

La paroisse conserve également un plateau à burettes en argent (structure) et en or (décor en totalité), daté de 1743. L'œuvre présente trois poinçons sculptés : le poinçon de maître (Guillaume Loir, en activité à Paris de 1716 à 1769 (note 1) ; Beuque et Frapsauce, num. 678) ; le poinçon de la maison commune de Paris (1743) et le poinçon de charge (Paris, 1738-1744). Le plateau est décoré à la molette de godrons sur l'aile et le filet (6, 7).

Le plateau à burettes de Guillaume Loir (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine).

Patène

Une patène en argent repoussé, décorée en totalité à l'or fondu et légèrement polissé, est conservée dans l'église Sainte-Catherine de Bitche. Elle date du XVIIIe siècle et provient d'un atelier strasbourgeois, comme nous l'indique le poinçon : un « 13 » couronné, gravé sur l'aile, au revers. L'œuvre est décorée d'une scène biblique : la Sainte-Cène figure au centre de la patène (8).

La patène strasbourgeoise du XVIIIe siècle (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). La Sainte-Cène est représentée sur la patène (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine).

III. Notes et références

1. Notes

        1. Guillaume Loir (Paris 1694 - Paris 1769) appartient à une prestigieuse famille d'orfèvres depuis le XVe siècle à Paris. Il est installé sur le territoire de la paroisse Saint-Jacques-la-Boucherie, au pont au Change, à la limite des 1er et 4ème arrondissements. Insculpé en 1716, son poinçon est biffé en 1769 : il représente les initiales
« » et « L »parées par un croissant de lune, surmonté d'une fleur de lys couronnée et encadré de deux grains de remède (7).

2. Traductions



3. Références

        1
. Base Palissy :  notice du calice num. 6 (page consultée le 1er juin 2011).
        2.
Base Palissy : notice du reliquaire de la Vraie Croix (page consultée le 8 juin 2011).
        3. JACOPS, Le Pays de Bitche, p. 32 (voir bibliographie).
        4.
Base Palissy : notice de l'ostensoir num. 1 (page consultée le 8 juin 2011).
        5. Base Palissy : notice du mobilier de l'église (page consultée le 1er juin 2011).
        6.
Base Palissy : notice du plateau à burettes (page consultée le 8 juin 2011).
        7. Guillaume III Loir. (2011, mai 18).
Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 12:12, juin 8, 2011 (auteurs).
        8.
Base Palissy : notice de la patène (page consultée le 8 juin 2011).

IV. Annexes

1. Bibliographie

2. Liens internes
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