II. Orgues successifs |
III. Notes et références | IV. Annexes | |
Le mobilier est encore inexistant lors de la bénédiction solennelle de la nouvelle église, le 23 novembre 1775. Les nouvelles orgues de l'église Sainte-Catherine sont donc attribuées au facteur Ignace Seuffert, de Kirweiler, près de Kaiserslautern dans le Palatinat. Elles sont commandées dans les premiers mois de 1775 par la ville de Bitche et sont installées en novembre 1777 : la fabrique de la paroisse en conserve l'expertise (2). Ces orgues sont transformées et agrandies en 1810 par le facteur Jean-Frédéric Verschneider de Puttelange : celui-ci ajoute des tours de pédale à une date qui n'est pas connue, peut-être vers 1820.
L'instrument est rénové vers 1830 par le facteur Johann Jacob Möller d'Oberbronn, en proche Alsace, qui lui adjoint son style et les influences de l'époque. Un facteur allemand, Gottfried Eberhardt Schaeffer, installé à Sarreguemines après la guerre de 1870-1871, est sollicité afin de réparer et modifier l'orgue, assez significativement. Le facteur Frédéric Haerpfer, de Boulay, est appelé à intervenir sur l'instrument en 1930 : il supprime très certainement les buffets, tandis qu'il effectue la pneumatisation de l'orgue et opère le remploiement de quelques jeux anciens (1).
Les orgues souffrent énormément lors des bombardements de la fin de la seconde guerre mondiale et elles doivent être totalement refaites par la suite. C'est le facteur d'orgues Jean-Georges Koenig, de Sarre-Union en Alsace, qui est chargé des travaux de rénovation en 1958-1959. Il démonte les anciennes orgues et en installe de nouvelles. Mais en cette période d'après-guerre, la qualité des matériaux utilisés n'est pas des meilleures si bien qu'au fil des ans, les orgues se dégradent à nouveau et il faut envisager une nouvelle rénovation totale. Koenig remploie quelques tuyaux anciens, alors que le restes des boiseries est entreposé au grenier de l'église Sainte-Catherine : les restes des anciennes orgues des XVIIIe et XIXe siècle ont été purement et simplement jetées aux ordures par le facteur d'orgue. Le curé de l'époque a cependant réussi à en récupérer la plus grande partie qu'il a consciencieusement stockée sur le grenier de l'église paroissiale et qui y restera durant un demi-siècle, attendant un meilleur sort qui arrivera fort heureusement (1). C'est lors des travaux entrepris pour la réfection de la toiture de l'édifice, au milieu des années 1990, que ces vestiges sont redécouvertes par le conseil de fabrique et l'abbé Jean-Marie Zapp, nouveau curé-archiprêtre (4).
C'est en 1990 que la municipalité de Bitche, alors dirigée par maître Joseph Schaefer, propose d'engager les travaux, ce que le conseil de fabrique accepte aussitôt, conscient de la nécessité des travaux. La rénovation est confiée à Bernard Aubertin : originaire d'Elvange près de Faulquemont et ancien élève du collège Saint-Augustin, il est un facteur d'orgues réputé installé à Courtefontaine, dans le Jura. Le facteur Bernard Aubertin déménage en 1995 les précieux vestiges de ces antiques instuments (boiseries rescapées des guerres et tuyauterie ancienne, des XVIIIe et XIXe siècle) jusque dans son prieuré de Courtefontaine, où il sépare les éléments des orgues d'Ignace Seuffert de celles de Möller (note 2). Les éléments des orgues de Seuffert, les plus anciens, servent de base à la nouvelle construction que l'on peut admirer aujourd'hui dans le fond de l'église Sainte-Catherine (1). L'instrument est construit dans la manufacture Aubertin entre 1996 et 1998 : les nouvelles orgues possèdent un buffet en chêne massif, avec remploi des restes du XVIIIe et du XIXe siècles (boiseries, tuyaux en métal et en bois).
L'instrument est posé sur la tribune en mars et avril 1998. Une nouvelle balustrade
en chêne à
balustres verticaux
et étroits permet de voir l'œuvre en entier tout
en
favorisant la propagation optimale du son et la répartition
de
la
chaleur. Les orgues rénovées possèdent
donc
quarante jeux qui font chanter plus de trois mille tuyaux. Pour respecter la tradition, les boiseries du
buffet sont peintes par l'artiste Guy Vetter en imitation de marbres
aux couleurs
qui s'harmonisent parfaitement avec les autres décorations
de
la belle église bitchoise. Des dorures du même
artiste rehaussent
l'éclat de l'ensemble. Enfin, deux anges musiciens
surmontent
les deux grandes tourelles de pédale en
harpe situées
à droite et à gauche. Le nouvel
instrument possède
trois claviers de cinquante-quatre, cinquante-quatre et trente-sept
notes, un pédalier de trente notes, ainsi que des
transmissions
mécaniques. Mgr Pierre Raffin bénit solennellement les nouvelles orgues le 1er mai 1998 :
grand-messe, inauguration, concert inauguratif par Norbert Pétry
(organiste titulaire des orgues de la cathédrale de Metz et
professeur au conservatoire national de musique de région),
récital par Michel Bouvard (organiste de l'église
Saint-Sernin de Paris, professeur au conservatoire national
supérieur de musique de Paris) (5).