Chapelle du Sacré-Cœur du collège Saint-Augustin de Bitche
Le collège Saint-Augustin de Bitche, petit séminaire
épiscopal, est un établissement d'enseignement et de formation relevant
directement de Monseigneur l'Évêque de Metz, qui en définit la
spécificité. Le collège Saint-Augustin est sous contrat avec l'État depuis 1969,
ayant statut cultuel public. L'actuel collège Saint-Augustin trouve son origine plus de
deux siècles et demi en amont, dans un établissement intra muros, situé à l'intérieur de la ville de Bitche, dans les locaux de l'ancien couvent des Capucins et de la maison Saint-Conrad. Les bâtiments dans lesquels il se situe datent en grande partie du
XVIIIe siècle et leur vétusté est alarmante.
Table des matières
I. Histoire de la construction
1. Projet
2. Pose de la première pierre
3. Consécration de la chapelle
II. Bibliographie
III. Articles connexes
I. Histoire de la
construction
1. Projet
Le 5 avril 1924,
Monseigneur Jean-Baptiste Pelt (1863-1937), Évêque de Metz
de 1919 à sa mort, écrit à l'abbé Fourer,
Supérieur du collège : « De toute mon âme j'appelle la venue prochaine du
jour où les ressources seront suffisantes pour entreprendre la réalisation de
cette grande œuvre. Le coût de l'immeuble est estimé à 13 500 000 francs
(d'avant guerre). Suivant le désir que vous m'avez exprimé, j'ai constitué un
Comité Diocésain, chargé de stimuler et de coordonner toutes les bonnes
volontés ». Le 17 mai 1925, jour de la canonisation de sainte Thérèse de
Lisieux, le Prélat décide la construction d'un nouveau collège destiné à
favoriser l'éducation chrétienne, les études et l'éveil des vocations
sacerdotales. Le 18 janvier 1926, Monseigneur Pelt, en sa qualité d'administrateur de la mense
épiscopale, transfère la propriété du terrain à l'Association
Saint-Augustin,
fondée le 5 novembre précédent. Désormais,
c'est à elle seule qu'incombe la direction des travaux sous la
responsabilité de l'abbé Fourer, directeur de
l'association.
Dans l'
ancien collège,
les élèves étaient séparés en deux
divisions, celle des grands et celle des petits. Une telle
répartition devant être maintenue dans le nouveau
collège, il est prévu que la nouvelle construction
comporte deux bâtiments symétriques, occupés chacun
par une division. Chaque bâtiment sera formé de deux
corps : en façade et au rez-de-chaussée les classes et études, aux 1
er et 2e étages, les dortoirs, lavabos et
vestiaires. Vers le vestibule convergeront les salles de classe,
d'étude et d'exercice. Il a
voisinera le réfectoire des
élèves, point de rencontre général. En
raison de la déclivité du terrain, le
rez-de-chaussée de l'immeuble correspondra au sous-sol du
collège et le premier étage à son
rez-de-chaussée. Le sous-sol sera habitable dans sa partie
orientée vers
Bitche,
tandis que la chapelle sera le cœur du collège :
c'est là que se rendront ses habitants, plusieurs fois par jour.
De la façade tournée vers Bitche, elle se
désolidarisera de son environnement et introduira dans le
paysage un élément décoratif.
Un premier
devis en date de février 1927, ne prenant pas en compte les travaux de
couverture, dégage une dépense de 3 511
865 francs. Dans un autre, daté du 24 avril 1929 et arrêtant le coût des
travaux de second œuvre pour l'ensemble du bâtiment aux prix suivants,
nous prenons connaissance des prix suivants (sur un totale de 1 220 472 francs)
:
- charpente
métallique de la chapelle (entreprise Keil de Metz) : 43 548 francs
- croix de la tour et menuiserie métallique (entreprise Pilmes de Bitche) : 7 128 francs
- dallage de la crypte :
7 784 francs
À ce devis partiel s'ajoutent le prix du gros
œuvre ainsi que celui de la fourniture et de la pose des
fenêtres et portes par une entreprise de menuiserie de Morhange.
Les premières dépenses sont couvertes par des
souscriptions en un temps record. Pour ce qui est du gros œuvre,
sept entreprises de construction ont participé à
l'adjudication. Le choix s'arrête finalement sur la maison
Dietsch de Sarreguemines, décision dictée par les
conditions avantageuses que consent l'entreprise, ses performances
patentes en matière de béton armé et sa
connaissance du personnel dont elle parle le dialecte. Les travaux de
construction démarrent aux premiers jours de printemps 1926 et
commencent par l'aile de l'infirmerie, la chapelle
Sainte-Thérèse et la grande chapelle. Quand on sait qu'un
devis ne traduit dans la plupart des cas qu'une approche approximative
du coût réel, il n'est pas étonnant que les soucis
financiers affluent rapidement. Malgré tout, les travaux de
construction se poursuivent.
2. Pose de la première pierre
En prévision de la pose de la première pierre, un
drapeau, la bannière du collège, est confectionné.
À l'avers se trouve le buste de Saint Augustin sur fond
bordeaux, à l'envers les armes du collège et celles de la
ville, brodées sur fond jaune. Il est béni le 27 juillet
au matin, l'après-midi étant réservé
à la distribution des prix, présidée par
Monseigneur Pelt. Le lendemain, 28 juillet 1926, a lieu la
cérémonie de la pose de la première pierre par le
Prélat. Vers dix heures, le cortège se forme devant l'ancien collège,
avec en tête les élèves,
précédés du porte-drapeau. Dans l'ordre viennent
ensuite les professeur en surplis, huit archiprêtres, douze
chanoines, Monseigneur l'Évêque, en habit de chœur,
et suivent enfin les membres de la municipalité et les
conseillers généraux, suivis de la foule. Lentement, le
cortège s'achemine vers le terrain de construction du nouveau
collège extra
muros.
La cérémonie débute par le marquage, à
l'aide d'un ciseau, du signe de la croix sur les quatre faces d'une pierre
suspendue à un moule. Après cela, l'architecte soumet à la signature de l'Évêque
et de ses assistants une bande de parchemin artistiquement enluminée. Après
signature et adjonction de quelques pièces de monnaie frappées au millésime de 1926 et de
médailles, il dépose le parchemin dans un cylindre de cristal protégé par un
rouleau de plomb, lui-même calfeutré dans un sépulcre miniaturisé,
ultérieurement couvert par un bloc de pierre. Avant de guider vers son assise
l'énorme masse de pierre qu'il vient de consacrer, le Prélat dépose le mortier.
Son Excellence clôture la cérémonie en adressant une courte homélie à
l'assistance, puis quitte les lieux.
Le parterre de religieux masque un prêtre
anonyme, amené à
Bitche par l'abbé Schies de Strasbourg. Il s'agit du
jeune abbé Jean-Baptiste Montini, le futur pape Paul VI pour commémorer sa
présence à cette occasion, une plaque de marbre portant l'inscription :
Jean-Baptiste Montini futur Pape Paul VI a assisté à la pose de la première
pierre de cette chapelle le 28 juillet 1926, sera scellée dans le mur,
à droite de l'entrée de la chapelle, au temps où l'abbé Poirson était
Directeur.
En avril
1927, le bâtiment des Sœurs est terminé, celui des
professeurs attend de recevoir la charpente, les murs de la crypte sont
achevés. Durant l'été, les travaux progressent
à une cadence rapide. Le bâtiment des professeurs est
prêt, l'aile des Petits, les cuisines et les réfectoires
sont en voie d'achèvement. L'édification de la chapelle
est plus délicate. Sans nef sur les bas-côtés, sont
transept est surmonté d'une tour portant le clocher. Le
chœur donne accès aux sacristies. Sa toiture repose sur
une charpente métallique s'appuyant sur dix pilliers en fer
adossés à l'intérieur. Le sol de la chapelle est
de plain-pied avec le rez-de-chaussée. À titre
documentaire, il est intéressant de savoir qu'il aura fallu 70
000 tuiles pour couvrir l'ensemble des bâtiments. L'hiver 1928
n'est pas particulièrement rude. L'amphithéâtre, le
cabinet de physique, les salles de classe de la section des Grands
voient le jour. Par temps vigoureux, comme on en connaît au
Bitscherland, on s'investit dans la confection des escaliers d'intérieur.
Petit à petit, la tour de la chapelle prend forme. Pour être plus en harmnoie avec
le style roman, elle sera carrée. Elle ne mesurera pas moins de vingt mètres de
haut, flèche comprise. La construction de la
crypte se heurte à des difficultés d'ordre architectural. Son emplacement dans
les sous-sols, sa structuration inférieure soulèvent des problèmes qui ne
pourront être maîtrisées que grâce à l'application de procédés nouveaux.
3. Consécration de la chapelle
Le 23 octobre 1930, en même temps que
l'inauguration du nouveau collège a lieu la consécration de la chapelle en
présence des élèves, rentrés
huit jours plus tôt, pour étrenner la nouvelle
année scolaire
dans des bâtiments flambant neufs. Tôt le matin, dans
l'intimité de la crypte, Monseigneur l'Évêque,
entouré du clergé, engage les prières
préparatoires avant de procéder aux
cérémonies religieuses. Par une triple aspersion des murs
extérieurs de la chapelle et du pavé, il purifie
l'édifice de pierres. Puis, au son des cloches, une procession
de reliques fait le tour du sanctuaire. À la fin, elle y
pénètre solennellement. Le Prélat procède
alors à l'onction du sépulcre, de l'autel et des murs,
à l'invocation au Saint-Esprit, à l'adoration de la
croix, suivies de la dédicace au Sacré-Cœur de
Notre-Seigneur Jésus-Christ.
La première messe dite dans cette chapelle couronne la cérémonie. Le Saint-Sacrifice est
célébré par le vicaire général Wagner sur le magnifique maître-autel qui porte
l'inscription : « Memento, Domine, omnium in Christo dormientium, in primis
DD. Lud. Fleck, p. Meten. Adam Schatz sacerd., Mariae de Brossin de Mère, quorum
munificentiae hoc altare debetur » (Souviens-toi, Seigneur, de tous ceux
qui reposent dans le Chrsit, en premier lieu de MM. Louis Fleck, évêque de Metz,
de Adam Schatz, prêtre, de Marie de Brossin de Mère, à la générosité desquels
nous devons cet autel).
II. Bibliographie
- JACOPS
(Marie-France), GUILLAUME (Jacques), HEMMERT (Didier), Le Pays de Bitche
(Moselle), Metz, Éditions Serpenoise, 1990, p. 27-38.
III. Articles connexes