Chapelle Sainte-Odile de Bousseviller

Situé dans la partie orientale du canton de Volmunster, le petit village de Bousseviller est installé au fond de la charmante vallée de la Horn, dans la zone où le pays couvert est troué de vastes clairières de défrichement. Il s'arrondit en un bel arc de cercle autour de la Horn, qui a augmenté son débit, au fur et à mesure des apports faits par les ruisseaux, accourus des hautes collines des alentours. Descendez le chemin qui mène au moulin et voyez sur le pont comme notre ruisseau si calme est devenu rivière adolescente.

La chapelle Sainte-Odile de Bousseviller se situe en bordure de la route de Bitche à Pirmasens. Un fronton sculpté ajouré, datant du XVIIIe siècle, est remployé sur la façade de la chapelle, au-dessus de la porte. Il proviendrait de l'ancienne abbaye cistercienne de Sturzelbronn. La chapelle Sainte-Odile en 1912. La nef de la chapelle vue depuis la tribune.

Table des matières

I. Histoire
III. Mobilier IV. Cimetière VI. Annexes
       
II. Édifice
1. Autels
V. Notes et références
1. Bibliographie
 
2. Vitraux
 
2. Liens internes

3. Statues
1. Notes


4. Fonts baptismaux
2. Traductions

5. Confessionnal
3. Références
6. Orfèvrerie

I. Histoire

Du point de vue spirituel, le petit village de Bousseviller constitue tout d'abord une succursale de la vaste et ancienne paroisse de Walschbronn. Celle-ci, dépendant de l'archiprêtré de Hornbach, aujourd'hui en proche Allemagne, a regroupé sous sa tête jusqu'à une vingtaine d'annexes situées de part et d'autre de l'actuelle frontière franco-allemande, dans les années précédant la Révolution française. Le village de Bousseviller est rattaché à la paroisse voisine de Hanviller en 1804, suite à la réforme des circonscriptions ecclésiastiques entreprise à partir de 1802. La chapelle Sainte-Odile est par la suite érigée en chapelle vicariale en 1847 (1). 

L'autel de la Sainte Vierge et la crèche pour Noël 2009. L'ancien et le nouvel autel de la chapelle. Le village et le clocher de la chapelle Sainte-Odile apperçus depuis la sortie de la forêt en venant de Hanviller.
La chapelle de Bousseviller après les destructions de 1945.

II. Édifice

Une première chapelle est élevée dans le village au XVIe ou au XVIIe siècle et est mentionnée en 1607. Elle se situe au pied d'un très haut rocher appelé Kapellenberg (colline de la chapelle) et son accès est interdit en 1737. Dans une requête de 1780, adressée à Monseigneur l'Évêque de Metz pour la reconstruction à neuf de la chapelle sur un autre emplacement, les habitants mentionnent qu'elle est « bâtie sur un mauvais emplacement, l'entrée donnant sur les écuries d' un particulier du lieu et bâtie tout contre un rocher très haut » (2). 

Un nouvel édifice, dédié à sainte Odile et à saint Gengoult, est donc construit en 1781 au milieu du village. La nouvelle chapelle est de dimensions modestes, se rattachant au type des églises-granges. Elle est composée d'une nef à vaisseau unique plafonné, ainsi que d'un chœur à chevet polygonal, ce qui la situe fort bien dans la tradition de l'architecture religieuse locale du XVIIIe siècle. Sa façade à haut pignon est surmontée, sur la première travée de la nef, d'un campanile couvert d'un toit à bulbe pittoresque. L'ensemble de ces caractéristiques invite à la comparer à la Weiherkapelle ou chapelle de l'Étang de Bitche, ainsi qu'aux anciennes églises paroissiales de Bitche - réaménagée au début du XXe siècle - et Hanviller - détruite durant la seconde guerre mondiale. Endommagée lors des combats et des bombardements de la guerre de 1939-1945, la chapelle Sainte-Odile est restaurée par la suite (1, 3). 

Un fronton sculpté ajouré du XVIIIe siècle est remployé au-dessus de la porte d'entrée de l'édifice. En grès rose, il présente un décor de soleil au visage humain, encadré d'ailerons ourlés de feuillages. Le fronton porte l'inscription suivante, dominant l'ensemble et tenue de part et d'autre par deux angelots : « BENEDICTS. VIR. QVI. CONFIDIT. IN. DOMINO. IERE. 17, 17 » (traduction 1). En grès gris quant à elle, une sculpture en haut-relief est posée sur le fronton : on y reconnaît Dieu le Père en buste, représenté sous les traits d'un vieillard barbu et surplombant un nuage, complété par la colombe du Saint-Esprit qui repose sur sa poitrine (note 1). La tradition locale affirme que le fronton sculpté constituerait un vestige de l'ancienne abbaye cistercienne de Sturzelbronn, détruite lors des troubles de la Révolution française. (1, 3).

III. Mobilier

Le maître-autel et son beau retable datent du XVIIIe siècle. Un bas-relief, situé au pied de la croix monumentale du retable, nous présente les trois personnes divines de la Très Sainte-Trinité. Le retable du maître-autel nous présente une majestueuse statue en demi-relief du Christ en Croix. La porte du tabernacle est décorée d'un calice surmonté d'une hostie crucifère rayonnante.

1. Autels

Le retable du maître-autel, en bois taillé polychrome et doré, date du XVIIIe siècle. Mesurant quatre mètres de hauteur sur trois mètres de largeur, le retable nous présente une majestueuse statue en demi-relief du Christ en Croix. Caché aux yeux des visiteurs peu attentifs, un bas-relief situé au pied de la croix nous montre les trois personnes divines de la Très Sainte-Trinité : le Père - bénissant de la main droite - et le Fils - seulement vêtu du linge blanc de la Résurrection - apparaissent sous apparence humaine et siègent de part et d'autre d'un globe crucifère, tandis que la colombe du Saint-Esprit, dans une nuée rayonnante, domine l'ensemble. L'autel et le tabernacle, datant de la même époque, sont de même facture : la porte du tabernacle est décorée du motif d'un calice, surmonté d'une hostie crucifère rayonnante. Le tabernacle et l'entablement, ainsi que la niche qui les surplombe, se situaient sur l'autel latéral droit après la restauration qui a suivi la seconde guerre mondiale : ils ont été posés sur le maître-autel qui a retrouvé sa place devant le retable monumental (4, 5). 

Les autels latéraux sont dédiés à l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge à gauche et à saint Joseph à droite et datent du XVIIIe siècle. Les tombeaux des deux autels latéraux sont de même facture et proviennent très vraisemblablement de la même commande. Il s'agit peut-être des autels latéraux qui se situaient dans l'ancienne chapelle du village de Bousseviller, au sujet de laquelle les habitants dressèrent une requête à Monseigneur l'Évêque de Metz, le priant de céder gratuitement au nouvel édifice les anciens autels latéraux et le Christ de cuivre (6, 7). Un nouvel autel a été installé au milieu du chœur, comme le permettent les réformes envisagées par le concile Vatican II - un ambon a été installé au même moment : il représente la colombe du Saint-Esprit ainsi que le livre de la Parole de Dieu.

L'autel latéral gauche est dédié à l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge. Le tabernacle et la niche qui le surplombe se trouvaient sur l'autel latéral droit jusqu'à une récente restauration (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). L'autel latéral droit est dédié à saint Joseph. Un nouvel autel est installé suite aux permissions du concile Vatican II.

2. Vitraux

Les vitraux actuels datent de 1902 et sont l'œuvre de la célèbre maison Ott de Strasbourg. En verre transparent coloré, il s'agit de vitraux peints à décor de quadrilobes. Sainte Odile est représentée sur le pan Sud-Est du chœur, tandis que sainte Catherine d'Alexandrie (note 2) apparaît sur le pan Nord-Est du chœur (8). 

Des verrières géométriques sont installées par la maison Ott en 1902. Sainte Odile est représentée sur un vitrail du chœur. Des verrières géométriques sont installées par la maison Ott en 1902. Sainte Catherine d'Alexandrie est représentée sur un vitrail du chœur.

3. Statues

La chapelle abrite une très belle statue (petite nature) de sainte Odile, mesurant un mètre vingt de hauteur et datant de la deuxième moitié du XIXe ou du premier quart du XXe siècle. En plâtre moulé, elle est recouverte d'une peinture polychrome et trône au milieu de la nef (9).

Une statue en plâtre de saint Antoine de Padoue, portant l'Enfant-Jésus, fait face à celle de sainte Odile : datant de la même époque, elle se situe contre le mur Nord de la nef. Au-dessus des autels latéraux, des statues en plâtre de la Vierge de l'Immaculée Conception et de saint Joseph tenant l'Enfant-Jésus trônent respectivement à gauche et à droite. Une statue en plâtre du Christ en Croix domine le maître-autel (10).

Une belle statue de sainte Odile, patronne de la chapelle, trône au milieu de la nef. Saint Antoine de Padoue, portant l'Enfant-Jésus dans ses bras, fait face à sainte Odile au milieu de la nef. Une statue de l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge domine l'autel latéral gauche. Une statue de saint Joseph portant l'Enfant-Jésus dans ses bras domine l'autel latéral droit.

4. Fonts baptismaux 

Les fonts baptismaux ainsi que le confessionnal sont situés dans le chœur de la chapelle.

5. Confessionnal

Le confessionnal est situé dans le chœur de la chapelle, tout comme les fonts baptismaux.

Le confessionnal est situé dans le chœur de la chapelle. Le chœur de la chapelle Sainte-Odile. Les fonts baptismaux sont situés dans le chœur de la chapelle. L'ambon a été réalisé en harmonie avec le maître-autel et le nouvel autel.

6. Chemin de croix

Article détaillé : Chemin de croix de la chapelle de Bousseviller

Le chemin de croix actuel en pierre sculptée semble dater du XIXe siècle. Encadrées chacune par une armature de bois, ses quatorze stations se répartissent de part et d'autre de la nef, contre les murs latéraux, sept de chaque côté.

7. Orfèvrerie

La chapelle possède également une magnifique croix d'autel en laiton et en fonte, située autrefois sur l'autel latéral droit avant d'être posé sur le maître-autel, dans la niche aménagée au-dessus du tabernacle. Datant du XVIIIe siècle, elle mesure un peu plus de soixante centimètres de hauteur pour trente centimètres de largeur mais elle est malheureusement en partie mutilée. La croix est vissée sur le socle, tandis que le Christ est riveté sur la croix. L'état général de la croix est bon, bien qu'elle ait sans doute été raccourcie au niveau de la tige ainsi que des pattes.

La croix d'autel est en laiton et en fonte (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). La croix d'autel est située dans la niche qui domine le tabernacle. La croix date du XVIIIe siècle et est à comparer aux croix d'autel des églises de Lengelsheim et Loutzviller (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Vue intérieure de la chapelle vers la tribune.

Il s'agit peut-être de la croix d'autel qui se situait dans l'ancienne chapelle du village de Bousseviller, au sujet de laquelle les habitants dressèrent une requête à Monseigneur l'Évêque de Metz, le priant de céder gratuitement au nouvel édifice, outre les anciens autels latéraux, le Christ de cuivre. La pièce d'orfèvrerie est à rapprocher de la croix d'autel de l'église Saint-Laurent de Lengelsheim - la ressemblance est à noter au niveau du titulus et du Christ -, ainsi que de celle de l'église de la Très Sainte-Trinité de Loutzviller - comparer le pied (1112).


IV. Cimetière

Dans le cimetière, qui entoure encore la chapelle, subsiste une très belle croix monumentale datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il s'agit d'une croix à fût-stèle droit galbé en plan et à socle droit. En grès sculpté, elle représente, sur la face du fût, saint Marc et sainte Catherine. Le cimetière abrite également plusieurs tombes intéressantes, datant des années 1840-1850.

Une croix est élevée dans l'angle du cimetière, qui entoure la chapelle. La tombe de Barbara Gerold date de 1848 et représente saint Pierre et sainte Barbe, les patrons du couple. La tombe de la famille Kriegel-Glad date du début du XXe siècle. En grès rose, la tombe de la famille Meyer date de la première moitié du XXe siècle.

Le tombeau d'Andreas Schaff, en grès sculpté, date de 1842. Dominé par un croisillon, il représente sur la face du fût-stèle saint André et sainte Madeleine, le patron du défunt et de son épouse, de part et d'autre d'un saule pleureur sous les branches duquel ils s'abritent. Le tombeau de son épouse, Magdalena Ohliger, date de 1847. De forme et d'iconographie semblables au premier, il est l'œuvre du même sculpteur. Il est lui aussi surmonté d'un croisillon, tandis que les patrons du couple sont représentés sur la face du fût-stèle, ainsi que le triangle de la Très Sainte-Trinité. Le revers de ces deux tombes est ornée d'une croix aux cinq plaies du Christ (1, 13, 14).

Le tombeau de Barbara Gerold, épouse de Peter Haller, est élevé en 1848. En grès sculpté, il représente Notre-Seigneur en Croix, saint Pierre et sainte Barbe, les patrons du couple, ainsi que la colombe du Saint-Esprit et le triangle de la Très Sainte-Trinité (15).

Les tombes d'Andreas Schaff et de son épouse Magdalena Ohliger, sont réalisées par le même sculpteur (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Sur la tombe d'Andreas, les saints patrons des défunts sont représentés sous un saule pleureur (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Le revers des tombeaux est orné d'une croix aux cinq plaies du Christ (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine). Sur la tombe de Magdalena, les saints patrons des défunts sont représentés sous un saule pleureur (photographie du service régional de l'inventaire de Lorraine).

V. Notes et références

1. Notes

1. On peut émettre des doutes quant à la place au sommet du fronton sculpté de cette statue de Dieu le Père en buste, complétée par la figure du Saint-Esprit sous la forme de la colombe. En effet, ce haut-relief est parfaitement semblable aux sculptures figurant souvent dans le Bitscherland au-dessus du croisillon des croix de chemin : les deux personnes divines forment alors avec le Christ en Croix la Très Sainte-Trinité. Peut-être cet élément a-t-il été ajouté à l'ensemble par la suite, sans doute à une époque récente, afin de donner une place digne au haut-relief, qui a pu être le seul vestige d'une croix détruite par exemple. La différence de pierre utilisée - le grès rose pour le fronton et le grès gris pour le haut-relief du Père et du Saint-Esprit - semble confirmer cette hypothèse.
2. On ne peut pas reconnaître sainte Catherine d'Alexandrie avec certitude : la sainte femme tient en main le crucifix et l'épée.

2. Traductions

1. L'inscription figurant sur le fronton est la suivante : « Béni soit l'homme qui se confie dans le Seigneur ».

La crèche mise en place pour Noël 2009 devant l'autel de la Sainte Vierge. Le mécanisme d'horlogerie de la chapelle est visible à la tribune. Le quartier de la chapelle en 1912 sur une carte postale ancienne. La porte de la chapelle et le fronton sculpté datant du XVIIIe siècle.

3. Références

1. JACOPS, Le Pays de Bitche, p. 39 (voir bibliographie).
2. Base Mérimée : notice de l'ancienne chapelle (page consultée le 26 août 2011).
3. Base Mérimée : notice de la nouvelle chapelle (page consultée le 26 août 2011).
4. Base Palissy : notice de l'autel latéral droit (page consultée le 26 août 2011).
5. Base Palissy : notice du retable (page consultée le 26 août 2011).
6. GLATH, Un village lorrain : Bousseviller, p. 268-269 (voir bibliographie).
7. Archives départementales de la Moselle, fonds de l'Évêché, série ancienne (A 103), dossier Walschbronn, sous-dossier Bousseviller.
8. Base Palissy : notice des vitraux (page consultée le 26 août 2011).
9. Base Palissy : notice de la statue de sainte Odile (page consultée le 26 août 2011).
10. Base Palissy : notice du mobilier de la chapelle (page consultée le 26 août 2011).
11. Base Palissy : notice de la croix d'autel (page consultée le 26 août 2011).
12. Archives départementales de la Moselle, fonds de l'Évêché, série ancienne (A 103), dossier Walschbronn, sous-dossier Bousseviller : requête de la communauté, 1789.
13.
Base Mérimée : notice de la tombe d'Andreas Schaff (page consultée le 26 août 2011).
14. Base Mérimée : notice de la tombe de Magdalena Ohliger (page consultée le 26 août 2011).
15. Base Mérimée : notice de la tombe de Barbara Gerold (page consultée le 26 août 2011).

VI. Annexes

1. Bibliographie
La nef de la chapelle depuis la tribune. La chapelle Sainte-Odile domine fièrement la masse des maisons du petit village de Bousseviller. Le village de Bousseviller a longtemps constitué une annexe de la paroisse de Walschbronn, avant d'être rattaché à celle de Hanviller en 1804. Le cimetière du village entoure encore la petite chapelle.

2. Liens internes
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