Château du Falkenstein
Au cœur du pays couvert, dans un paysage accidenté parsemé de pointements de grès, le
village de Philippsbourg s'est développé le long de la route de Bitche à Haguenau,
juste aux confins de l'Alsace. Le village et
ses écarts se situent principalement dans la vallée du Falkensteinerbach, ouvrant le pays de
Bitche vers l'Alsace. Le
cours d'eau aux rives escarpées s'étire à
travers la grande forêt domaniale de Bannstein. Village-rue caractéristique, Philippsbourg est dominé par la haute silhouette de
l'église
protestante. Le village
conserve encore quelques maisons
anciennes, dont une très longue ferme de 1812.
Table des matières
I. Situation
Les ruines du château du Falkenstein se
situent à 2 300 au Nord du petit village de Philippsbourg, à
l'extrême Nord-Est du pays de Bitche et au cœur du pays
couvert, à la limite du Bas-Rhin. Il faut, pour y accéder, suivre la direction du village
voisin de Neunhoffen, première localité alsacienne, et traverser l'écart de
Mambach. Les vestiges, portés par une longue barre rocheuse de grès
rose, émergent alors de la profonde forêt de Bannstein.
II. Histoire
Le château du Falkenstein
est un château semi-troglodytique, c'est-à-dire qu'une
partie de l'édifice est creusé directement dans le rocher
gréseux qui le porte. L'édifice domine la verdoyante et
sinueuse vallée de la Zinsel du nord, dont le grès a
été fortement modelé par le vent et les
intempéries au cours des siècles. La
forteresse est mentionnée pour la première fois en
1127, et elle aurait été édifiée par le
comte Pierre de Lutzelbourg. Il est destiné à l'origine
à protéger les possessions du comte situées dans
la Forêt Sainte de Haguenau et à s'opposer à
l'avancée vers l'est du duc de Lorraine. En 1150, le comte
Renaud de Lutzelbourg, fils de Pierre, meurt sans laisser de
descendant. Le
château est alors partagé entre Folmar de Sarrewerden et la famille de
Hohenstaufen, dont il est le vassal. Au début du XIIIe siècle, ils y installent
un de leurs ministériels, qui prendra le nom de Falkenstein. C'est ainsi que
Jacques de Falkenstein apparaît comme témoin dans une charte signée à Haguenau
en 1205 et en 1316, Gottfried, Conrad, Heinrich et Jacob de Falkenstein jurent
la paix avec la ville de Strasbourg.
Une paix castrale est
signée en 1335, délimitant le château en trois
parts au moyen de murs transversaux. En 1337, le château est
assiégé par les Lichtenberg et en partie incendié.
En 1419, Jean de Finstingen (Fénétrange) se dit seigneur
de Falkenstein puisqu'étant l'usufruitier de la part des
Sarrewerden. En 1474 a lieu une convention de pariage entre les
Falkenstein : aucune part ne doit être cèdée,
même à un autre membre de la famille, sans l'accord des
autres pariers. Le château revient aux comtes de
Deux-Ponts-Bitche en 1479 et en 1482-1483 éclate un conflit pour
le non-respect de la convention entre les membres de la famille. Les Falkenstein sont seuls maîtres du
château en 1515 et la modernisation
commencée par Balhtasar est continuée par ses fils. En 1564,
Philippe IV (1538-1590),
comte de Hanau Lichtenberg, dont la famille en avait acquis une partie au
début du siècle,
achète la part aux enfants et petits enfants de Balthasar,
qui l'avaient laissé tomber en ruines, réunissant ainsi
l'ensemble du château entre ses mains. Quelques mois plus
tard, il sera ravagé par un incendie qui détruit
complètement les parties hautes, et ne sera jamais reconstruit.
Une légende raconte qu'il a brûlé durant cinq jours
et cinq nuits.
En 1570, les parties basses du château, alors
épargnées, continuent à être
habitées par un garde forestier du comte de Hanau-Lichtenberg.
Entre 1570 et 1605 éclate un conflit entre les comtes de
Hanau-Lichtenberg et le duché de Lorraine, au terme duquel le
château du Falkenstein revient aux Hanau-Lichtenberg, en
1606. En 1623, le château est ruiné par les troupes
suédoises des mercenaires de l'impitoyable comte Ernst von
Mansfeld (1580-1629) durant la terrible guerre de Trente Ans
(1618-1648), de telle sorte que les gardes forestiers ne peuvent plus y
demeurer. Pendant les années 1676-1677 a lieu la
destruction définitive du château par les troupes
françaises de Montclar.
III. Édifice
Il faut remarquer le portail d'entrée, les
vestiges du donjon, les salles troglodytiques et la tour du puits, qui avait
trois fonctions autrefois : protéger la richesse que constituait le puits,
défendre les abords, et servir, au niveau supérieur, d'habitation aux
châtelains. Construite à la fin du XIIe siècle en appareil de grès à bossage, en
saillie sur le flanc ouest, elle permettait de battre la courtine par un tir
flanquant, grâce à ses archères. Au rez-de-chaussée, la tour abritait un puits,
auquel elle doit son nom, et au niveau supérieur un étage d'habitation éclairé par des
fenêtres en plein cintre. Dans
la partie est du château, trois niveaux de pièces ont
été creusés dans le grès. Les
premières, se situant au pied du rocher, s'ouvrent sur la
seconde basse-cour ; à mi-hauteur, deux autres pièces
sont desservies quant à elles par l'escalier d'accès
à la plate-forme sommitale, occupée par les vestiges du
logis et du donjon.
Les ruines du château du
Falkenstein sont propriété de l'État
français. Les vestiges de l'édifice fortifié sont
classés monument historique depuis le 16 février 1930 et
l'accès aux ruines est malheureusement interdit depuis 1999,
pour cause de manque de sécurisation du site. À
proximité du château se trouvent également les
ruines de l'ancien château du Helfenstein, déjà
détruit en 1437.
IV. Notes et références
1.
V. Annexes
1. Bibliographie
- IHME, Burg Falkenstein im Wasgau, 1874.
- JACOPS
(Marie-France), GUILLAUME (Jacques), HEMMERT (Didier), Le Pays de Bitche
(Moselle), Éditions Serpenoise, Metz, 1990, p. 92-93.
2. Liens internes