Étang du Grafenweiher à Sturzelbronn

L'étang du Grafenweiher se situe sur le ban de la commune de Sturzelbronn, à la limite de celui du village voisin de Dambach, dans le Bas-Rhin. La pièce d'eau se trouve à la confluence des ruisseaux du Mühlenbach et du Zinselbach, là où le Schwarzbach prend sa source avant de se diriger vers l'Alsace.

Table des matières

I. Étang
III. Réserve naturelle IV. Notes et références V. Annexes
 
II. Forge
1. Bibliographie
2. Liens internes

I. Étang

Située dans la vallée du Rothenbach, l'étang - jusqu'à sa destruction, le plus grand du Bitscherland avec près d'un kilomètre de long - est créé au Moyen Âge par les moines de la proche abbaye cistercienne de Sturzelbronn. Le conflit qui oppose les moines à la famille de Dietrich, à propos de la forge, amènent à la destruction de l'étang vers 1850. Le site est ensuite investi par l'agriculture, avec des prairies drainées pour la fauche, quelques pâturages et quelques boisements. Entre les deux guerres mondiales, la vallée est aménagée par l'armée française, dans le cadre de la ligne Maginot. Le Rothenbach est alors véritablement canalisé, à gros gabarit, et ponctué de barrages dans le but d'inonder la vallée en cas d'attaque allemande. Aujourd'hui, l'ancien fond de l'étang est occupé par une aulnaie plantée en 1960, tandis que les drainages secondaires sont laissés à l'abandon.

II. Forge

Avant la Révolution française, les moines de l'abbaye cistercienne de Sturzelbronn possèdent de vastes forêts dont les produits se vendent difficilement. En effet, ils disposent de 12 000 arpents de bois en « dépérissement général faute de pouvoir consommer les bois », ainsi que 3 000 arpents de terre, étangs et marais.

La découverte de mines sur le ban incite donc l'abbaye à demander le 15 février 1764, à Stanislas Leszczyński (1677-1766), duc de Lorraine, l'autorisation d'ériger une forge. Permission leur est donc accordée de construire forges, fourneaux, martinets, fonderie et tout autres usines et bâtiments nécessaires à proximité de l'étang. Le duc autorise les moines à l'essartage de cent arpents de bois, ainsi qu'à convertir en prairie les étangs et marais. Il leur est également permis de « tirer pierres, sables et terres glaises pour les constructions », et d'user de 15 000 arpents de bois, à prendre en cinquante coupes annuelles. Seuls les pins et les chênes leurs sont interdits, réservés pour la Hollande, à raison de huit sols la corde. L'abbaye dispose en outre d'une avance de 8 000 livres pour développer ses usines, ainsi que des mêmes privilèges que les maîtres des forges voisines. 

Les moines creusent alors un canal de sortie d'eau à travers la roche, pour faire actionner une roue. Le plus titanesque de leurs aménagements demeure néanmoins une digue de retenue d'eau, mesurant quatre cent mètres de long, vingt mètres de large et près de quatre mètres de hauteur. Mais ces forges doivent faire face à l'oppositon de Jean de Dietrich, propriétaire de la forge du Jaegerthal, toute proche, devenue « absolument dépendante de cette abbaye de Sturzelbronn par rapport aux eaux qui sont l'un des objets les plus importants pour ces sortes d'usines ». M. de Dietrich obtient par arrêt du 26 mars 1765 que les forges ne soient pas autorisées à utiliser le minerai d'Alsace, plus proche et moins cher. Cette décision semble condamner l'abbaye qui, par contrat devant notaire à Paris, le 7 juin 1766, subroge ses droits à de Dietrich, permettant ainsi la démolition des forges de Sturzelbronn et la reconstruction de ces usines à Reichshoffen. La communauté accuse plutôt l'abbaye d'avoir fait semblant de vouloir installer une forge pour ensuite la revendre et s'assurer une rente confortable. Après la Révolution française, l'étang du Grafenweiher est racheté comme bien national en l'an IV.

III. Réserve naturelle

Depuis 1998, la Réserve Naturelle des Rochers et Tourbières du pays de Bitche, située au sein du Parc naturel régional des Vosges du Nord, assure la conservation de milieux naturels exceptionnels pour la France, dans le cadre du programme MAB de l'UNESCO. Il s'agit d'une réserve multisite, éclatée sur 26 sites et couvrant une surface de 355 hectares, dont fait partie le site de l'ancien étang du Grafenweiher.

Depuis la rectification du cours du Rothenbach, on peut observer sur sa rive droite un complexe tourbeux - comprenant une tourbière haute, des tourbières de transition et un bas marais tourbeux -, qui s'est maintenu malgré les vicissitudes historiques. Le site s'est vu colonisé en partie par le pin sylvestre, depuis l'abandon de la ligne Maginot, il y a environ soixante ans, dans une zone jusqu'alors drainée. L'abandon des fossés, qui ont été comblés par les sphaignes, a certainement conduit à un rehaussement de la nappe. Cependant aujourd'hui, il semble que la dynamique de colonisation par le pin sylvestre soit en régression. L'exemple du Grafenweiher démontre donc que l'assèchement d'un étang n'élimine pas forcément la dynamique tourbeuse se trouvant juste en amont.

IV. Notes et références

V. Annexes

1. Bibliographie

2. Liens internes

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